: Vidéo "Tenir debout fièrement sur la planche" : la surf thérapie pour aider les femmes victimes de violences à se reconstruire

Il y a Safia, maître tailleur de 33 ans, qui a "cru perdre la vie" sous les coups du père de l'enfant qu'elle portait, six ans auparavant ; Eléa, 37 ans, victime d'inceste à 15 ans, aujourd'hui comédienne ; Adelina, 26 ans, traumatisée par le féminicide de sa tante en 2018… Certaines sont soignées depuis des années, d'autres depuis quelques mois. Certaines ont vu leur agresseur condamné, d'autres attendent toujours le procès.

Elles sont six. Six femmes qui ont en commun d'avoir subi des violences – physiques, sexuelles ou psychologiques. Elles ne se connaissent pas, mais ensemble, elles vont participer à une expérience qui bouscule les codes des thérapies classiques : une semaine à vivre ensemble… et à apprendre à tenir debout sur une planche de surf.

S'apercevoir que les hommes peuvent "être bienveillants"

A l'Unité spécialisée dans l’accompagnement du psycho-traumatisme (USAP) de l’hôpital Robert-Ballanger, en Seine-Saint-Denis, leurs thérapeutes les ont estimées prêtes pour cette cure aussi surprenante qu'inédite. Fatima Le Griguer Atig, la psychologue clinicienne à l'initiative de ce séjour de surf thérapie, et Florian Brochec, qui a déjà mis en place ce genre de soins auprès d’adolescents en Charente-Maritime, croient en leurs chances d'y puiser de nouvelles forces.

Ce stage avec des femmes victimes de violences est aussi une première pour Phil, leur moniteur, plutôt habitué à enseigner le surf à des adolescents en souffrance. Sa présence et celle des thérapeutes masculins du groupe ont permis à Eléa, Adelina et les autres de s'apercevoir que des hommes "pouvaient être sensibles, s'amuser, être bienveillants". Cette dimension, Fatima Le Griguer Atig avait souhaité l'inclure pour réconcilier ses patientes avec une gent masculine synonyme pour elles d'agression et de mal-être.

Après trois jours d'entraînement dans la baie de Nauzan, à boire la tasse, chuter, se relever, retomber… Phil les sent capables d'affronter la puissance des éléments : le courant, le bruit, l'immensité de la côte Sauvage. Motivées, les participantes se lancent pour savourer le plaisir de jouer avec les vagues, la fierté de tenir sur la planche, et la chance d'être là. La France ne compte qu'une dizaine de structures similaires à l'USAP, et faute de prise en charge publique, les initiatives de thérapies alternatives comme ce séjour sont encore plus rares...

Extrait de "Surf thérapie : une vague d'espoir", un reportage à voir dans "La Spéciale d'Envoyé. Quand les femmes sont prises pour cibles" le 23 novembre 2023.

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