: Vidéo La procureure anticorruption qui dérange le gouvernement roumain
La corruption n'a pas dit son dernier mot en Roumanie, où le gouvernement vient de faire passer des lois limitant l'indépendance de la justice. Le magazine "Avenue de l'Europe" du 16 mai 2018 a rencontré l'icône de la lutte anticorruption, la procureure dont le Premier ministre veut la tête.
La corruption continue ses ravages en Roumanie, qui avait pourtant réalisé de spectaculaires progrès grâce à des lois adoptées sous la pression de l'Union européenne. Le magazine "Avenue de l'Europe" a rencontré la procureure qui est devenue l'icône de la lutte contre la culture des pots-de-vin : Laura Codruța Kövesi. La cheffe du parquet anticorruption a un tableau de chasse impressionnant : deux Premiers ministres, onze ministres et ex-ministres, plus de quarante députés et sénateurs ont été déférés devant la justice durant les cinq dernières années, détaille-t-elle. Une partie d'entre eux a déjà été condamnée, et plus de 2 milliards d'euros devraient pouvoir être récupérés.
Aussi, quand le gouvernement social-démocrate, dont certains membres sont empêtrés dans des affaires, a décidé de modifier le Code pénal, les Roumains se sont mobilisés. Après un mouvement de protestation d'une ampleur inédite depuis la chute des Ceaușescu, un premier décret a été retiré. Mais en décembre 2017, plusieurs amendements ont fini par être adoptés, limitant l'indépendance des juges et leurs moyens d'investigation.
Soutenue par la population
En février 2018, le Premier ministre a même demandé au Conseil constitutionnel la destitution de la cheffe du parquet anticorruption. Une menace qui l'inquiète moins que les nouvelles lois judiciaires. "Si les textes sont promulgués sous cette forme, notre activité sera pratiquement bloquée, avertit la magistrate. Ce sera beaucoup plus difficile de mener des enquêtes, voire impossible."
Dans le collimateur du gouvernement, Laura Codruța Kövesi bénéficie du soutien de la population. Sur le site du parquet anticorruption, de nombreux messages d'encouragement et de félicitation exhortent les magistrats à ne pas céder, et à continuer de faire leur travail.
Extrait du magazine "Avenue de l'Europe" du 16 mai 2018.
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