Coronavirus : "On est prêts à accepter toutes les mesures coercitives plutôt que de retourner au confinement", assure le maire de Bordeaux
La préfète de Gironde a présenté de nouvelles mesures lundi après-midi, afin d'enrayer la propagation du Covid-19 dans le département.
L’augmentation du nombre de personnes touchées par le coronavirus a contraint la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine et de la Gironde, Fabienne Buccio, a imposer des mesures plus restrictives pour le département. Les fêtes foraines et la fête des voisins notamment sont annulées, tout comme les Journées du patrimoine dans la métropole bordelaise.
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Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, a assuré lundi 14 septembre sur franceinfo que les Bordelais "ne sont pas plus indisciplinés que d'autres" mais qu'il y "a ici une situation particulièrement préoccupante". Pierre Hurmic estime que les habitants du département sont "prêts à accepter toutes les mesures coercitives plutôt que de retourner au confinement".
franceinfo : le prenez-vous comme un tour de vis de la préfète ?
Pierre Hurmic : Oui, mais qui était d’une part attendu et d'autre part, parfaitement justifié. Il faut savoir que notre département de la Gironde est un des deux départements français les plus touchés actuellement par la circulation du virus. Le taux d'incidence, pour prendre une norme connue est, pour la Gironde de 148 pour 100 000 habitants. Pour Bordeaux, c'est presque le double. C'est 271 pour 100 000 habitants. Si vous prenez la classe d'âge des 20-40 ans, c'est le double. On a ici une situation particulièrement préoccupante. Le Premier ministre l’a fait observer à juste titre vendredi dernier et localement, les chiffres sont totalement confirmés par les autorités sanitaires.
Craignez-vous une réduction des libertés individuelles ?
Oui effectivement, on ne peut pas cacher le fait que ce sont des mesures coercitives, voire liberticides. Face à un fléau sanitaire, il est difficile de ne pas prendre des mesures qui s'imposent et qui, en plus, sont relativement bien acceptées par les habitants. À Bordeaux, nous avons imposé le port du masque dans l’hypercentre. Je peux vous dire qu'en dehors de l'hypercentre, les gens ont pratiquement pris l'habitude de porter également le masque. Même ces mesures contraignantes, j’ai l'impression que les habitants se les réapproprient de plus en plus, même quand ce n'est pas obligatoire.
Faut-il sanctionner ceux qui résistent encore et ne veulent pas appliquer les mesures barrières ?
Je crois beaucoup aux vertus de la prévention, de la médiation. Mais quand vous avez affaire à des personnes particulièrement récalcitrantes, s'agissant d'un objectif d'intérêt sanitaire général, je pense qu'il faut effectivement sanctionner. La police nationale le fera, mais nous aussi, nous allons mobiliser la police municipale pour des cas où les gens refusent obstinément d'appliquer des mesures contraignantes. Il faudrait effectivement sanctionner.
La jauge des événements est baissée de 5 000 à 1 000 personnes. Pourquoi ne pas les annuler tout simplement ?
La préfète l’a bien indiqué et je suis assez d'accord. Ce sont des mesures provisoires. Si la situation ne s'améliore pas, on ira crescendo et il faudra prendre des mesures peut être encore plus coercitives. La jauge des enceintes sportives est passée de 5 000 spectateurs à 1 000 spectateurs. C'est déjà quand même extrêmement réduit. On interdit par exemple les manifestations des Journées européennes du patrimoine qui ont lieu le week-end prochain. Des foires sont également interdites. Donc, il y a quand même aussi des interdictions de certaines manifestations.
Les Bordelais sont-ils indisciplinés ?
Ils ne sont pas plus indisciplinés que d'autres. Ils sont Girondins, donc attachés à leur liberté, mais pas plus indisciplinés que d'autres. Mais il se trouve qu'ici, je pense que le phénomène touristique n'y est pas totalement étranger, nous avons plus de taux d'incidence qu'ailleurs. Mais vous savez, on fait beaucoup de pédagogie. Il n'y a pas que le masque, car il y a aussi le lavage des mains. Il y a la distanciation physique, les barrières physiques. Il y a des tas de choses. Le masque, c’est une des solutions. Mais tout le monde est bien conscient du fait que c'est loin d'être la panacée. Mais je crois que beaucoup d'habitants se disent, nous on est prêts à accepter toutes les mesures coercitives plutôt que de retourner au confinement. Je crois que cela contribue beaucoup à l'acceptabilité sociale des mesures qui sont de plus en plus imposées.
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