Les "gilets jaunes" à Matignon : "Il faut absolument qu'on renoue le dialogue", estime la députée LREM Aurore Bergé
L'élue était l'invitée du 19h20 politique de franceinfo vendredi.
"Il faut absolument qu'on renoue le dialogue", a estimé vendredi 30 novembre sur franceinfo Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines et porte-parole du groupe à l'Assemblée nationale. Ce vendredi, le Premier ministre Édouard Philippe ne s'est finalement entretenu qu'avec un seul "gilet jaune" afin d'ouvrir le dialogue à la veille de l'acte III de la mobilisation.
franceinfo : L'un des deux "gilets jaunes" reçu à Matignon a claqué la porte. On peut dire que la rencontre a tourné au fiasco ?
Aurore Bergé : On a des gens qui depuis plusieurs jours manifestent ou parfois bloquent, il est légitime aussi qu'on puisse les recevoir, parce que de toute façon il va bien falloir que le mouvement s'arrête. À la fois pour ceux qui manifestent, mais aussi pour le pays qui parfois peut être bloqué. Pour avoir échangé avec des commerçants aujourd'hui, je peux vous dire que ça a un impact. Et donc pour trouver une sortie de crise, moi je ne connais aucune autre solution que le dialogue. Et moi-même je l'ai fait avec des 'gilets jaunes' qui sont venus à ma permanence, et un certain nombre de députés LREM l'ont fait également. Il faut absolument qu'on renoue le dialogue et il n'y a pas un camp face à un autre. Il y a des Français. Certains sont élus, d'autres sont dans la rue. Il va falloir qu'on arrive à se reparler. On a une colère qui s'exprime. S'il y a bien un facteur commun à ceux que j'ai pu rencontrer aujourd'hui, c'est ce sentiment de colère. Moi, je préfère la colère à la résignation, parce qu'au moins, avec la colère, on peut essayer d'entamer un dialogue. Maintenant, il faut que ce dialogue existe. Quand vous invitez des gens et qu'ils ne viennent pas, à un moment, on ne peut pas incriminer celui qui a lancé l'invitation. Moi, j'espère que d'autres accepteront de venir dialoguer. C'est le cas dans nombreux territoires. Le dialogue est amorcé et ça, c'est positif.
Pour la sortie de crise, certains dans la majorité réclament un moratoire sur l'augmentation des taxes, le temps de la concertation que vous souhaitez, est-ce une bonne idée ?
Je ne pense pas que ce soit la solution. Un moratoire, ça veut dire que l'on repousse, que l'on retarde. Cela ne veut pas dire que l'on change ou que l'on garde le cap. Ce qu'il faut c'est qu'on ait une ligne extrêmement claire. Et la ligne a été fixée par le président de la République mardi. Moi, j'étais là lors de sa déclaration. Il a expliqué qu'il y avait une trajectoire, et qu'il allait falloir la tenir. On a été élu sur ces engagements. Et tenir ces engagements c'est changer la manière de faire de la politique par rapport à ce qui a pu souvent se passer. Et le président a aussi ajouté : 'Garder la trajectoire, ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien à changer'. Il l'a dit notamment sur la taxe carbone quand il a parlé du pétrole qui augmente. Il y a ces premiers pas et il y a surtout toutes ces concertations qui doivent exister dans les territoires. Je ne suis pas certaine que la solution soit un moratoire, des états généraux, une grande conférence nationale... Parce que les solutions qu'on doit réussir à faire émerger ne sont pas les mêmes dans le village où j'étais cet après-midi qu'à Paris ou à Marseille. Il va bien falloir qu'on arrive à dessiner ces différentes solutions-là.
Craignez-vous demain une radicalisation du mouvement ?
Je n'espère pas, je ne souhaite pas que l'on voit à nouveau sur les Champs-Élysées ou dans d'autres endroits de France les images qu'on a vues la semaine dernière. Certaines personnes disent que le gouvernement est content de voir ces images-là : ce n'est pas vrai ! Personne n'est content de voir des images de violence, des forces de l'ordre attaquées, des commerces attaqués, des manifestants qui venaient pacifiquement se retrouver mis à mal. Personne ne souhaite voir ces images-là. Pour cela, il faut que chacun retrouve un peu de calme. Il y a une hystérisation du débat politique dans ce pays, une forme de violence. Je pense qu'il faut tous qu'on soit extrêmement responsables. On a une période qui est compliquée, mais pas que pour nous. Elle est compliquée pour la démocratie représentative. Quand j'entends certains messages, 'On va marcher sur le Sénat', 'Les députés ça sert à rien', ça veut dire qu'on ne croit même plus en la démocratie représentative. Hier, on a voté à l'unanimité de l'Assemblée une proposition de loi sur les cancers pédiatriques pour augmenter la recherche. Je me suis sentie très utile en tant que députée. Cela sert aussi à ça, la démocratie représentative.
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