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Taxes des carburants : "J’ai peur d’une manifestation importante le 17 novembre parce que la colère est forte"

Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des départements de France, a estimé que cette manifestation n'était pas une bonne chose, compte tenu de la "récupération politique".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dominique Bussereau invité du 18h50 politique de franceinfo vendredi 24 avril. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"J’ai peur d’une manifestation importante le 17 novembre parce que la colère est forte et concerne surtout des gens modestes en milieu rural, qui ont parfois deux voitures, diesel, pas toutes jeunes, qui leur permettent de faire des courses, de travailler. Donc je pense et j’ai peur que beaucoup de monde se manifeste" a affirme sur franceinfo Dominique Bussereau, le président de l’Assemblée des départements de France, invité du 19h20 politique mardi 6 novembre. Interrogé également sur la fin de la mésentente entre Emmanuel Macron et les élus locaux, Dominique Bussereau estime avoir eu "beaucoup d’amour" mais attendre désormais "des preuves d’amour qui passent par des financements et des mesures précises et concrètes".

franceinfo : En parallèle de la hausse des prix des carburants, le président prône la défiscalisation et la généralisation de l’aide aux transports, soit 20 euros mensuels pour 60 kilomètres quotidien pour les trajets domicile-travail. Est-ce une bonne idée ?

Dominique Bussereau : L’idée de Xavier Bertrand de mettre en place cette mesure est bonne, mais ce que propose le président m’apparaît compliqué, un peu 'usine à gaz'. Cela consisterait à défiscaliser ensuite cette mesure. Pour une somme aussi modeste, ça m’apparaît bien complexe. J’ai peur d’une manifestation importante le 17 novembre parce que la colère est forte et concerne surtout des gens modestes en milieu rural, qui ont parfois deux voitures, diesel, pas toutes jeunes, qui permettent de faire des courses, de travailler. Et donc je pense et j’ai peur que beaucoup de monde se manifeste. Je ne trouve pas que cette manifestation soit une bonne chose parce qu'elle fait l’objet d’une récupération politique.

Le prochain dossier chaud du gouvernement qui vous paraît inévitable, c’est une vignette pour les poids lourds ?

Si on avait maintenu l’écotaxe, on aurait aujourd’hui, en fin d’année 2018, près de quatre milliards d’euros qui seraient destinés à la transition énergétique et au développement des transports publics et on ne serait pas obligé de taxer des automobilistes particuliers. Donc si le gouvernement ne veut pas refaire l’écotaxe - ce qui peut s’entendre parce que ça a été compliqué - il peut au moins faire ce que font nos voisins suisses, c’est-à-dire une vignette sur les poids lourds qui rapporterait 1,5 à 2 milliards d’euros et qui permettrait de financer la transition énergétique.

Emmanuel Macron passe du temps à discuter avec les élus locaux. Est-ce que cela signifie que la brouille est terminée ?

On a eu des paroles d’apaisement du président de la République, il m’a reçu avec le président du Sénat, il a reçu Hervé Morin, des régions de France, et François Baroin, des communes de France. Il nous a dit que cette période était terminée, qu’il prenait des mesures et que les choses seraient faites différemment. Et il y a eu un premier geste positif qui a été de créer un ministère dédié à l’aménagement du territoire et aux collectivités. Donc on a eu beaucoup d’amour, et on attend des preuves d’amour qui passent par des financements et des mesures précises et concrètes. Pas de l’argent pour nous mais pour des politiques que nous menons pour l’État comme le RSA, qui est décidé nationalement, et simplement au lieu de nous rembourser la totalité de ces sommes que nous versons, ils ne nous laissent que la moitié. Et pour les mineurs isolés, l’État nous verse environ 15% de ce que ça nous coûte. C’est une juste compensation que nous demandons, pas une aumône.

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