Juste prix payé aux agriculteurs : "Les pouvoirs publics veulent que j'augmente mes prix (...) jusqu'à 10% : c'est trop !", s’indigne Michel-Edouard Leclerc
Invité sur franceinfo mardi 13 mars, le PDG des magasins E. Leclerc a notamment réagi à l’augmentation à venir du prix de certains produits pour venir en aide aux agriculteurs.
Accusé de ne pas payer les agriculteurs au juste prix Michel-Edouard Leclerc, PDG des magasins E. Leclerc, a affirmé ce mardi sur franceinfo qu'il les payait "au prix du marché" et a dénoncé l'attitude des pouvoirs publics qui veulent faire "augmenter" les prix "jusqu'à 10%" pour aider les agriculteurs.
"Je paye au prix du marché et j'essaye de faire plus que le marché. On peut faire mieux, il faut faire mieux", a-t-il déclaré. "Après, poursuit-il, est-ce qu'il faut que j'aille taxer les consommateurs derrière ? Si moi je peux acheter plus cher à mes producteurs du Finistère sans avoir à répercuter aux consommateurs des hausses de prix, c'est quand même mieux non ?" "Les pouvoirs publics veulent que les distributeurs les moins chers, Leclerc, Intermarché, Lidl, augmentent leurs prix jusqu'à 10%. Et cela, c'est trop ! Je ne suis pas d'accord. Ils veulent un projet de loi qui va être débattu à l'Assemble nationale dans les semaines qui viennent", a-t-il affirmé.
Edouard Leclerc dénonce les effets incertains de la "théorie du ruissèlement" que le gouvernement veut mettre en place : "On veut nous obliger, théoriquement pour aider les agriculteurs, à augmenter tous les prix des grandes marques qui servaient de prix d'appel (Nutella, Evian, Coca-Cola, Kinder, la fraise Tagada) pour enrichir le distributeur. Les prix augmenteraient jusqu'à 10%. Selon une théorie du ruissellement assez fumeuse, (...) la marge irait vers l'agriculteur. C'est de l'enfumage", a-t-il dénoncé. "Je serais légaliste. On sera obligé de l'appliquer", a-t-il admis. Cette augmentation pourrait concerner 2 700 à 4 000 articles, a précisé le PDG des magasins E. Leclerc.
Le dirigeant est revenu sur la promotion à -70% de pots du Nutella qui avait déclenchée des émeutes dans des magasins Intermarché et ironisé sur le mécontentement du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire : "Si les gens achètent à 70% ce n'est pas un hasard", a-t-il expliqué, revenant sur le succès de l'opération. "Je les vois bien dans nos magasins, les gens viennent avec les catalogues avec les bons de réduction" (...) Il y a des gens qui n'achètent qu'en promo. Vous pouvez dire que moralement ce n'est pas bien, qu'économiquement ce n'est pas bien, mais celui qui n'a pas de pognon, il essaye de faire les meilleures affaires."
Michel-Edouard Leclerc a ainsi expliqué que "les bourgeois" font exactement la même chose : "Les bourgeois, ils disent cela quand il s'agit du Nutella, mais les bourgeois, ils vont au ski quand les agences bradent les hôtels, on va en voyage quand c'est pas cher (…). Il faut penser aux vrais gens", a-t-il dit.
Regardez l'intégralité de l'entretien de Michel-Édouard Leclerc sur franceinfo le 13 mars 2018.
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