La France hors de la procédure de déficit excessif dès 2018 : "un objectif atteignable" selon Pierre Moscovici
Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières a salué les efforts de la France pour parvenir à cet objectif. La situation, dit-il, sera examinée "au printemps 2018".
La France pourrait sortir de la procédure pour déficit excessif dès 2018, selon Pierre Moscovici, invité de franceinfo mardi 17 octobre. "D'après les chiffres dont je dispose (…) j'ai des raisons de penser que cet objectif est tout à fait atteignable", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et financières.
La France est le dernier pays de la zone euro en procédure pour déficit excessif avec l'Espagne. "Ce qui compte, c'est que les critères fixés par le pacte de stabilité de croissance, les fameux 3%", soient "respectés", a insisté Pierre Moscovici. "Si au printemps 2018, nous constatons qu'il y a bien eu 3% en 2017 et que les données que nous possédons montrent qu'on ira nettement au-dessous de 3% en 2018, alors nous déciderons la sortie de la procédure de déficit excessif", a-t-il expliqué, tout en saluant les efforts du gouvernement actuel pour parvenir à cet objectif.
"Globalement, il y a de la part du gouvernement, du président de la République, un engagement européen que je veux saluer ici, une France qui a la volonté de réformer ses structures économiques et de réduire ses déficits budgétaires", a souligné Pierre Moscovici.
"L'affaire intérieure espagnole"
Interrogé sur la crise opposant Madrid aux séparatistes catalans, Pierre Moscovici a estimé que "ce n'est pas depuis Bruxelles que nous allons régler ce qui est une affaire intérieure espagnole". "Ce n'est pas à nous d'imposer une médiation. On reproche souvent à la Commission européenne de s'ingérer dans les affaires des autres (…) Nous ne sommes pas un super-État, nous ne sommes pas un gendarme", a ajouté le commissaire européen, tout en appelant les deux parties au "dialogue" pour trouver "une solution partagée". Pierre Moscovici a toutefois insisté sur le fait que "l'Espagne est un pays unitaire" et que "le référendum n'était pas légal". "Il n'y a pas de possibilité, sur cette base-là, de déclarer une indépendance crédible. De ce point de vue, nous soutenons totalement l'unité de l'Espagne. Mais en même temps, la violence n'est pas la réponse à un problème qui, manifestement, taraude et divise la population catalane", a-t-il ajouté.
Des regrets sur la taxe dividendes
Après l'annulation de la taxe à 3% sur les dividendes par le Conseil constitutionnel, Pierre Moscovici a dit regretter "a posteriori, forcément" de l'avoir mise en place en 2012, alors qu'il était ministre de l'Economie et des Finances. "Dès lors qu'il y a un jugement du Conseil constitutionnel qui dit que ce n'était pas constitutionnel, ce n'est pas une bonne idée", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas une décision que j'ai prise personnellement, je tiens à le dire", a toutefois ajouté Pierre Moscovici. Le coût pour l'Etat a été estimé à "au moins 9 milliards" par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. "Il faut qu'on trouve les moyens avec le gouvernement pour que les choses se passent de la manière la plus indolore possible", a déclaré Pierre Moscovici.
Le livre de Varoufakis : "des contes pour enfants"
Pierre Moscovici a sévèrement critiqué le livre de l'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, intitulé Conversations entre adultes. L'ouvrage dévoile les coulisses des négociations lors de la crise grecque en 2015. "Je dirais plutôt que ce sont des contes pour enfants", a taclé le commissaire européen aux Affaires économiques et financières. Yanis Varoufakis "ne respecte pas les institutions, les discussions, les acteurs eux-mêmes", ajoute-t-il. "La manière dont nous sommes présentés les uns et les autres ne correspond à aucune forme de vérité", a fustigé Pierre Moscovici.
"Je comprends qu'il soit le héros de la gauche protestataire, mais il n'est pas le héros de la Grèce. Il a au contraire coûté beaucoup de temps, beaucoup d'argent à son pays. Il n'a pas été un homme qui a rendu service à la Grèce", a poursuivi Pierre Moscovici. "Je pense que c'est Alexis Tsipras [le Premier ministre grec] qui a raison et pas Yanis Varoufakis. Il fallait négocier avec l'Union européenne, il fallait faire des réformes, il ne fallait pas s'arrêter", a estimé le commissaire européen.
Regardez l'intégralité de l'intervention de Pierre Moscovici sur franceinfo le mardi 17 octobre 2017.
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