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Twitter, intelligence artificielle, lutte contre le cyberharcèlement... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Jean-Noël Barrot

Le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications était l'invité du "8h30 franceinfo" du lundi 29 mai 2023.
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Noël Barrot, ministre délégué en charge de la Transition numérique et des Télécommunications (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications était l'invité du 8h30 franceinfo du lundi 29 mai 2023. Twitter, intelligence artificielle, lutte contre le cyberharcèlement... il répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Neïla Latrous.

Lutte contre la désinformation : "Twitter sera banni de l'Union européenne, s'il ne se conforme pas à nos règles"

"Twitter, s'il ne se conforme pas à nos règles, sera banni, en cas de récidive, de l'Union européenne", a assuré Jean-Noël Barrot, alors que le géant américain a décidé de quitter le code de bonnes pratiques de l'UE contre la désinformation en ligne. Depuis le rachat du réseau social, il y a six mois, le milliardaire Elon Musk a assoupli la modération des contenus problématiques. Or, la lutte contre la désinformation sera une obligation légale européenne à partir du 25 août. "Je souhaite que Twitter puisse se conformer d'ici le 25 août aux règles européennes nouvelles que nous avons adoptées, sinon il ne sera plus le bienvenu en Europe et force restera à la loi", a menacé le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. "On va les faire rentrer dans l'ère de la responsabilité avec des obligations de modération, mais aussi avec une obligation impérieuse : celle de lutter activement contre la désinformation", a-t-il poursuivi.

Intelligence artificielle : ne pas "se laisser distancer" sous peine "de décennies d'assujettissement et de dépendance technologique"

"Les types de modèle comme ChatGPT font l'objet d'une course effrénée dans laquelle nous ne devons pas nous laisser distancer, sans quoi nous nous en fermerons dans des décennies d'assujettissement et de dépendance technologique", a déclaré Jean-Noël Barrot. "Il est impératif que nous puissions encadrer, mais avant cela, que nous puissions nous doter de ces outils-là, sans quoi nous serons dépendants des outils produits ailleurs", a-t-il ajouté, alors que le Parlement européen prépare actuellement l'Artificial Intelligence Act, un projet de règlement pour encadrer l'usage et la commercialisation des intelligences artificielles (IA). Tout en reconnaissant la nécessité de "donner un cadre" au développement de l'IA, le ministre a pointé un positionnement "excessif" du Parlement européen. "La position du Parlement européen est excessive, a prévenu le ministre, elle impose des obligations d'audit, des obligations de transparence qui sont excessives pour ce type de modèle qu'est ChatGPT". "Il est impératif de disposer dans les mois qui viennent de modèles tels que ceux qu'ont développés ces géants américains", a-t-il expliqué, avant de rappeler que Google avait renoncé, pour l'heure, à déployer son robot conversationnel au sein de l'UE, face aux contraintes réglementaires.

Cyberharcèlement : le ministre confirme la généralisation du passeport numérique "dès la rentrée prochaine" pour les élèves de 6e

"Dès la rentrée prochaine, tous les élèves de sixième dans notre pays se verront dispenser un passeport numérique, c'est-à-dire un module de sensibilisation en salle informatique qui les éduquera aux risques et aux bonnes attitudes à adopter en ligne lorsque l'on est témoin ou victime de cyberharcèlement", a déclaré Jean-Noël Barrot. Le projet de loi présenté le 10 par le gouvernement prévoit une nouvelle peine de "bannissement" à l’encontre des cyberharceleurs ou des personnes jugées coupables de diffusion d’images violentes, de pédopornographie, proxénétisme, négationnisme ou encore de provocation à la haine. "Le juge pourra prononcer une peine complémentaire de bannissement, à l'image de la peine complémentaire d'interdiction de stade", a souligné le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications. "Le juge donnera l'obligation à ces plateformes de mettre tout en œuvre pour interdire la réinscription des auteurs de cyberharcèlement", a-t-il précisé.

Pornographie : le ministre a demandé à "des entreprises françaises de réfléchir au développement de solutions de vérification d'âge"

"J'ai incité un certain nombre d'entreprises françaises à développer des solutions qui soient à la fois fiables sur la mesure de l'âge de l'utilisateur et qui garantissent zéro fichage, zéro piratage", a assuré le ministre, pour qui "la mère des batailles" est "la vérification de l'âge". Quelque 2,3 millions de mineurs visionnent en moyenne plus de 50 minutes de contenu pornographique chaque mois, selon l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). "Les sites ne vérifient pas l'âge de leurs utilisateurs", a regretté le ministre. "Ils nous disent qu'ils ne peuvent pas, mais en réalité, ils le peuvent. Mais ils ne veulent pas", a-t-il souligné.

Le gouvernement va confier à l'Arcom le pouvoir d'ordonner, sans le concours d'un juge, le blocage par les opérateurs et le déréférencement des sites pornographiques qui n'empêchent pas les mineurs d'accéder à leur contenu. Mais comment vérifier l'âge des visiteurs des sites pornographiques ? Si la vérification via "la carte bleue est imparfaite", le ministre plaide pour "avoir des applications qui recueillent de la part de fournisseurs l'identité numérique, une preuve anonyme de votre âge ou de votre majorité". "De la même manière que lorsque nous effectuons un paiement sur Internet et que notre banque nous demande une vérification à partir de notre smartphone, on peut très bien imaginer que notre preuve anonyme de majorité soit stockée sur une application sollicitée par les services réservés aux adultes ou limitée à un certain âge lorsque nous voulons y accéder", a-t-il développé.

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