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"Free Quens", de Marin Leduc

Marin Leduc livre un roman noir qui plonge dans les réseaux criminels de la prostitution, autour d'un industriel de la bière qui vend le corps des femmes pour mieux écouler ses produits.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
"Free Queens", le dernier roman de Marin Leduc, s'intéresse à une guerre de la bière au Nigéria et aux réseaux de prostitution. (GALLIMARD)

Après le tabac, dans Leur âme au diable, la bière est au cœur du nouveau roman de Marin Ledun Free Queens (Série Noire de Gallimard). Pourtant l'auteur n'est pas un parangon de vertu qui condamnerait toute forme de plaisir. Simplement, ces deux industries ont en commun des pratiques commerciales plus que douteuses, et Marin Ledun aime tremper sa plume dans une encre caustique et engagée face au capitalisme débridé et la corruption politique. 

Son nouveau livre raconte comment, bouleversée par le témoignage d’une prostituée nigériane, une journaliste française se rend à Lagos pour enquêter. Là-bas elle est accompagnée par une ONG qui lutte pour le droit des femmes, et elle découvre l’ampleur des réseaux criminels de la prostitution.

Pire, elle découvre que des multinationales en font une arme commerciale particulièrement efficace. Face au cynisme d'un industriel de la bière, qui vend le corps des femmes pour mieux écouler ses produits, Marin Ledun oppose le courage des femmes et notamment l'une d'elle, très jeune victime de traite humaine, pour défendre leurs droits et leur dignité. Voila la mécanique du roman, à laquelle il faut ajouter un policer de la sécurité routière, un Nigérian intègre et plus investi que les autres dans la recherche de la vérité.

Une guerre de la bière 

Marin Ledun se fait l'écho de la guerre de la bière qui sévit au Nigeria depuis une dizaine d’années, une guerre commerciale à laquelle se livrent les plus grands brasseurs mondiaux pour envahir un marché gigantesque. Le Nigeria, et plus largement l'Afrique, sont devenus une sorte de far-west ou s'affrontent de grands industriels sans foi ni loi. Un sujet déjà investi par les auteurs de polars. 

Comme toujours avec Marin Ledun l’intrigue est prenante, spectaculaire, l’écriture précise, et ici le roman est documenté et imprégné de la culture nigériane. Les personnages sont complexes, touchants pour certains, comme ce vieux flic de la sécurité routière, ou un autre totalement corrompu mais qui se pose des questions.

C'est toujours crédible, et le tableau général parfaitement réussi. Il fallait toute l'imagination et le talent de Marin Ledun pour partir d'un bus d'association d'aides aux prostituées du bois de Boulogne, à Paris, et se retrouver dans le marigot nigérian des grands brasseurs de bière et de la prostitution.

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