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"Mai 67" de Thomas Cantaloube

"Mai 67" de Thomas Cantaloube, dans la Série Noire de Gallimard, s'inspire des manifestations sévèrement réprimées de mai 67, à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Une histoire méconnue des Antilles françaises.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
"A livre ouvert", la sélection de Gilbert Chevalier, tous les samedis et dimanches cet été. (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Après la guerre d‘Algérie, la naissance de la Françafrique au moment de la décolonisation du Cameroun, voici maintenant les Antilles françaises, et les manifestations sévèrement réprimées de mai 67 à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Des événements largement méconnus en France.  

Dans Mai 67, on retrouve une partie des personnages attachants des précédents romans, Requiem pour une République et Frakas, comme Luc Blanchard, l'ancien flic devenu journaliste. On y retrouve aussi des personnages bien réels, comme le préfet en place alors en Guadeloupe, ou quelques militants indépendantistes, et même fugitivement, un jeune secrétaire d’Etat : un certain Jacques Chirac.     

Thomas Cantaloube reprend ce procédé qui consiste à glisser entre des événements, ou des personnages bien réels de la fiction, pour faire avancer le récit, et surtout mettre en perspective les événements. 

À charge, pour Thomas Cantaloube qui nous offre un récit glaçant, notamment concernant les comportements des autorités avec les autochtones, mais aussi des riches propriétaires blancs de la Guadeloupe, décrits comme odieusement racistes. 

C’est d’ailleurs ça qui est à l’origine de la colère des manifestants guadeloupéens, en mai 67. Tout est parti d’insultes racistes, lancées par un riche commerçant contre un vieux cordonnier ambulant. Les manifestations seront très sévèrement réprimées. Des militants seront renvoyés devant la Cour de sûreté de l’Etat, à Paris. 

La sanglante répression fera officiellement huit morts, pour certains tués par balles. Mais très vite, on comprend que ce bilan est largement sous-estimé. Quelques décennies plus tard, on parlera plutôt de plusieurs dizaines de victimes.  

Le roman est passionnant, parfaitement documenté. Thomas Cantaloube poursuit le travail des deux précédents. Trois romans qui règlent des comptes avec le passé colonial de la France : en Algérie, en Afrique et aux Antilles, donc avec toujours les même recettes, la brutalité, l’intervention de barbouzes, quand ce n’est pas l'armée ou la police et des intérêts à défendre, dans l'ombre du Général de Gaulle et de son conseiller, Jacques Foccart.  

Requiem pour une République, Frakas et Mai 67 forment une trilogie, mais ces romans peuvent parfaitement se lire indépendamment les uns des autres.  

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