"Rétiaire(s)" par Doa, le coup de coeur de la semaine
Réédité chez Folio cet automne, le dernier roman de DOA, Rétiaire(s), sort en version poche. Ce thriller était sorti en grand format en janvier 2023, dans la Série Noire de Gallimard. DOA nous propose un polar très classique sur la thématique : trafic de drogue, clans manouches, guerre des polices, et flics plus que borderline. Et à ce titre, la première scène du roman, électrique et violente, donne largement le ton. Il y en aura d'autres. DOA alterne à souhait tempo lent et accélérations stupéfiantes.
Un roman dont l'intrigue est complexe, comme toujours avec DOA. Il nous raconte l'affrontement entre les Cerda, barons manouches, Yéniches de la drogue, avec leurs rivaux espagnols ou banlieusards avec en toile de fond Covid et confinement. Une rivalité totale entre les clans, que surveillent et tentent de neutraliser différents services de police pas très coopératifs entre eux.
On retiendra également les passages sur la vie en prison, puisque deux des principaux personnages, un flic plus ou moins ripou, et son indicateur de haut vol, y séjournent. Rétiaire(s) est un polar classique qui séduit moins par son intrigue alambiquée que par la galerie de portraits et la rage intérieure des personnages du roman. Et forcément, ce livre nous renvoie à des faits divers bien réels et autres chroniques judiciaires de la banlieue parisienne.
À propos du titre, rappelons que les Rétiaire(s) étaient ces gladiateurs romains armés d'un filet et d'un trident, des combattants qui finissaient la plupart du temps morts dans l'arène. C'est le destin des gangsters en général et des personnages de DOA.
Folio propose aussi de nouvelles éditions de précédents romans de DOA
Il y a d'abord Citoyen clandestin et Le serpent aux mille coupures. Les romans qui ont fait la réputation de DOA, avec son écriture électrique et son attirance pour les personnages troubles, hommes de l'ombre qui tirent les ficelles et hommes de main surentraînés. Folio propose également les colossaux Pukhtu primo et secundo, plus de 1000 pages sur la guerre en Afghanistan et ses officines privées et les relations troubles nouées avec les différents services secrets occidentaux.
Il y a aussi L’Honorable société écrit avec Dominique Manotti, Grand Prix de la littérature policière en 2011, polar très politique, plus que les autres en tout cas, mais avec en toile de fond l'industrie nucléaire française.
DOA nous a habitués à une littérature policière dense, fouillée, très documentée, avec une énergie sans pareille. Ses personnages, eux, sont la plupart au bord du gouffre, pas très loin de la limite, et ils les captent juste avant leur chute, quand ils ne les précipitent pas lui-même. En tout cas, Folio nous offre une occasion de découvrir ou redécouvrir DOA. Il ne faut pas s'en priver.
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