De l'anamorphe au polymorphe

Anamorphe, souvenez vous, c'était quand il n'était que
candidat, au cours du fameux débat télévisé du 2 mai, et quand employant une
vieille figure de rhétorique très prisée à l'ENA promotion Voltaire, il avait
asséné à seize reprises : "moi Président de la République, je ferai
ceci, moi Président de la République, je ne ferai pas cela, moi Président de la
République etc etc..." C'était le temps des promesses bien dites à défaut
d'être tenues. Débat gagné, élection remportée, gouvernement constitué. Puis...
surprise !

Pendant l'été, la France toujours sous le coup de l'artifice
réussi de l'anamorphe, se découvre un Président amorphe, tout occupé à ce que les
Italiens appellent joliment le " farniente " et qui consiste
précisément à n'être pas occupé. Quinze jours de présidentielles vacances qui
ont décontenancé une opinion à qui l'on avait "promis juré
craché" que le changement c'était maintenant ce qui en langage
commun signifie "tout de suite".

D'ou la nouvelle métamorphose du Président qui est passé
désormais en mode polymorphe. Pour solidifier son couple, il passe la journée
de Noel à Poitiers chez la maman de sa compagne. Pour compatir aux ravages du
chômage il visite dès cinq heures du matin le marché de Rungis entre les deux
réveillons. Puis remplit artificiellement un agenda vidé par la trêve des
confiseurs. Puis expédie ses premiers vœux télévisés à une telle cadence qu'on
les eut dit envoyés par Chronopost.

Sans oublier le conseil des ministres de rentrée ce matin
même et après demain un séminaire gouvernemental pour, officiellement, "fixer le cap de 2013", ce qui on en conviendra veut à la fois tout
dire et rien du tout. Sinon que, malgré les apparences, nous sommes gouvernés.
Ouf. L'année commence bien.