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Glorieux vieillards

A première vue, ce sont deux artistes de génie qui viennent de disparaître quasi simultanément. Rien ne les unissait vraiment et pourtant, sans le savoir ils se ressemblaient comme les deux cotés d'un miroir à deux faces.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Oscar allait avoir 105 ans, rien que cela et Dave allait
fêter son 92ème anniversaire. Quatrième âge pour parler pudiquement. Mais de
glorieux vieillards. Le Brésilien Oscar Niemeyer était l'un des plus grands
architectes contemporains. Avec son mentor, Le Corbusier, il dessine le siège
des Nations unies à New York, bâtit à lui tout seul ou presque la ville de
Brasilia, sortie de terre ex-nihilo et construit à Paris, ou il a fui la
dictature militaire brésilienne, le siège du Parti communiste français dont il
fut un glorieux compagnon de route. Oscar l'architecte était un révolutionnaire
du béton, du verre et de la lumière.

L'américain Dave Brubeck était lui l'un des authentiques
génies du jazz, musique parfois marginale et souvent commerciale. Pianiste
virtuose, Brubeck avait fait la synthèse de ces deux excès pour aboutir en 1959
à son chef d'œuvre absolu, l'album "Time Out" et le tube "Take Five", le premier disque de jazz instrumental vendu à plus
d'un million d'exemplaires et dont on fredonne obligatoirement la suite dès
qu'on entend les premières notes.

Intellectuel de haut rang, juif converti au catholicisme, diplômé
de théologie de l'université suisse de Fribourg Brubeck avait aussi composé
deux ballets, un oratorio, quatre cantates et même une messe. Bref, le pianiste
disparu était aussi mystique que l'architecte décédé au même instant était
pragmatique. Et d'ailleurs les éminents critiques de leurs deux professions les
auront tour à tour sifflés et adorés.

Mais c'est vrai qu'au fond, ils se ressemblaient. Il y a
comme de la musique qui pénètre dans les immeubles de Niemeyer. Et il y a comme
une lumière architecturale qui baigne l'œuvre de Brubeck.

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