Politologie pour les nuls
Dans de récents sondages, certains ont cru
déceler une droitisation de la société française en proie au doute et à la
morosité. Ce qui entrainerait nous dit-on une tentation de repli sur les valeurs
familiales, un besoin de protection vis à vis du monde extérieur et un souci
sécuritaire que ces mêmes politologues identifient comme des comportements
typiquement de... droite.
Comme si on ne pouvait pas être socialiste et se soucier de
sa famille. Comme si les communistes étaient insensibles à l'insécurité. Comme
si les écolos ne se sentaient pas souvent agressés par la mondialisation. Mais
les schémas éculés des politologues sont autant de lieux communs qui
caricaturent forcément l'échiquier idéologique. A droite : travail famille
patrie. A gauche : liberté égalité fraternité.
Dieu merci ce qui distingue la droite de la gauche est
autrement plus subtil et relève plus de la philosophie que de l'idéologie pour
les nuls. Le grand clivage droite-gauche tient aux rapports entre l'individu et
la société. L'homme de droite est plus sensible à l'inné qu'à l'acquis. L'homme
de gauche se réfère plus volontiers à la culture qu'à la nature. L'homme de
droite pense que la société est au service de l'individu, alors que l'homme de
gauche estime que l'individu doit servir la collectivité.
Et d'ailleurs quelques unes des plus célèbres petites
phrases prononcées par les grands de ce monde attestent fort bien du vrai
clivage entre gauche et droite. Le "travailler plus pour gagner
plus " de Sarkozy est un propos de droite pur sucre. Mais le célébrissime "ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi mais plutôt ce que
tu peux faire pour ton pays " de Kennedy est plutôt une tirade de gauche.
Un slogan que M. Hollande pourrait utiliser opportunément sans fâcher
l'opposition. Les choses sont toujours plus subtiles qu'on ne croit. Surtout
les politologues.
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