Que du bonheur!
La fraternité est
forcément aux abonnés absents, et c’est logique. L’élection présidentielle est une
compétition. Avant les inévitables tractations ou compromis de l’entre-deux
tours et mis à part les quelques heures de touchante unanimité provoquée par
l’affaire Merah, chacun des dix candidats passe nécessairement une bonne partie
de son temps d’antenne à dire du mal des neuf autres.
Question liberté, il
y a à boire et à manger. Les libertés de réunion et de manifestation sont
parfaitement exercées, et la mode des meetings en plein air et en centre ville
en est la preuve éclatante. En théorie,
la liberté d’expression est totale, si l’on excepte les limites rhétoriques
imposées aux orateurs par leurs "dircoms" qui ne pensent qu’à l’effet immédiat
sur les sondages et par le politiquement correct qui continue de polluer ou de
châtrer les discours. Heureusement qu’il y a les tout petits candidats pour
libérer la parole et le ton du débat.
On en arrive à
l’égalité, et notamment cette fameuse « égalité chronométrique intégrale »
imposée aux médias audiovisuels dans la dernière ligne droite d’avant scrutin. Et
là, c’est la très bonne surprise. Un vent de fraicheur souffle sur la campagne
depuis que la bande des quatre ou cinq petits qui plafonnent chacun à moins de
3% d’intentions de vote peut s’exprimer comme les grands à la radio et à la
télé. Plaisir du parler vrai. Plaisir de constater qu’il n’y a pas que les
grosses écuries qui monopolisent le débat démocratique
Et même certains
clips télévisés de la très décriée campagne officielle sont de petits chef
d’œuvre d’autodérision calculée ou pas. Bref, en ce moment, dans sa dernière
ligne droite, la présidentielle, c’est que du bonheur. Profitons-en, après le
scrutin, ça peut changer.
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