Au fil de l'eau. Comment sauver le plus grand lac d'Afrique, le lac Victoria ?
La pollution plastique menace le lac Victoria en Afrique de l'Est. Le navigateur et alpiniste Éric Loizeau va y partir en expédition. Il souligne combien le plus grand lac d'Afrique est surexploité, surpeuplé, et menacé par les déchets plastiques et l'assèchement à court terme.
Comment sauver le lac Victoria ? Le navigateur et alpiniste Éric Loizeau va partir en expédition sur place, en Afrique de l'Est mardi prochain, le 2 mars.
Le lac Victoria est le plus grand lac d’Afrique, 69 000 mètres carrés de superficie au total. C'est l'une des étendues d'eau douce les plus importantes au monde. Il est situé aux confins du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Une zone à forte densité. 50 millions de personnes vivent sur les rives du lac dont 200 000 pêcheurs.
Surpopulation, surexploitation, et une menace : les déchets plastiques
Des milliers de personnes vivent autour du lac. Une population très modeste, qui n'a surtout aucun système pour gérer le plastique. Or, les gens qui vivent là sont complètement impactés par la pollution plastique, notamment celle des emballages uniques que l'on trouve partout, mais aussi les filets de pêche, les bouteilles et les containers.
Les côtes situées autour du lac sont complètement polluées. Cette situation est parfois masquée par l'activité touristique qui représente 20% de la richesse du site.
Les propriétaires de lodges disent que tout est merveilleux là-bas, mais ce n'est absolument pas la réalité.
Éric Loizeau, navigateur et alpiniste
Le bateau de Sinbad le marin
Éric Loizeau va suivre l'expédition du bateau "Flipflopi". Un bateau construit uniquement à partir de déchets plastiques récupérés. Il fait 10 mètres de long et a vu le jour sur les côtes de l'océan Indien. C'est un ‘’boutre’’, un bateau traditionnel et mythique, puisque selon la fable d'origine irakienne, c'est ce type d'embarcation qu'aurait utilisé Sinbad, lors de ses voyages dans les mers de l'Est de l'Afrique.
La particularité de ce bateau, c'est qu'il a été construit avec 30 000 paires de tongs (d’où son nom flip-flop en anglais). Des tongs récupérées sur les plages de l'océan Indien ! L'idée de cette mission est de sensibiliser la population et les gouvernements pour limiter les déchets plastiques. Des décrets ont été signés au Kenya et en Tanzanie pour limiter les sacs à usage unique, mais rien n'est respecté.
Il faut créer une économie circulaire avec les déchets plastiques. Sensibiliser la population est une tâche compliquée, car dans tous ces pays, les gens sont misérables et ils ont bien d'autres problèmes à régler.
Éric Loizeau
Limiter la pollution plastique permettrait pourtant d'améliorer la production d'eau douce pour tous les gens des villages situés autour du lac. "On essaye de leur expliquer que si on valorise le plastique, si on arrive à lui donner une valeur marchande, on pourra alors créer une sorte de microéconomie dont ils pourront bénéficier."
Les collecteurs de rues pourraient se charger de collecter le plastique, de façon à ce qu'il n'atterrisse pas dans le lac. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les déchets que l'on retrouve dans le lac, finissent dans le Nil Blanc. L'un des embranchements du Nil. C'est un énorme problème, car tôt ou tard, ils arrivent dans le Nil et se retrouvent dans la mer.
Agir maintenant pour sauver le lac Victoria
Si rien n'est fait dans les 10 prochaines années, le lac Victoria risque de s’assécher. Son niveau est déjà en train de descendre régulièrement. Si le lac s’assèche, ce sera un désastre pour tous les pays mitoyens du lac, car la population vit essentiellement de la pêche et du tourisme dans cette région.
Cette situation risque aussi d'entraîner des conflits car grâce au barrage d'Owens Fall en Ouganda, "le lac est une ressource hydrique importante pour le Soudan et l'Egypte notamment. Pour éviter toute crise géopolitique, il faut donc lutter contre la corruption et faire respecter les lois", explique Éric Loiseau. "C’est aujourd'hui une priorité gouvernementale", dit-il.
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