Au fil de l'eau. Que faire de l'eau contaminée de la centrale de Fukushima ?
Catherine Pottier s'entretient avec Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint à l'IRSN, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, en charge du pôle santé et environnement.
Il y a tout juste un mois, la compagnie d'électricité de Tokyo (TEPCO) a annoncé qu'elle allait rejeter dans l'océan Pacifique plus d'1 million de tonnes d'eau contaminée.
L'opération devrait débuter en 2023 et se poursuivre pendant toute la durée du démantèlement du site, autrement dit entre 30 et 40 ans. Colère des voisins chinois et coréens, mais aussi des communautés de pêcheurs et des organisations écologistes. Le Japon affirme que l'eau contaminée sera traitée avant d'être rejetée à la mer, sauf qu'elle contiendra encore certaines molécules radioactives, notamment le tritium (l'un des isotopes de l'hydrogène) qui ne peut pas être retiré.
Le tritium est un isotope radioactif de l'hydrogène qui a une faible radiotoxicité. L'impératif est d'être très vigilant sur la quantité de tritium rejeté à la mer.
Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint à l'IRSN
Tritium mais aussi strontium 90, cobalt 60, carbone 14…
Jean Christophe Gariel reconnaît que tous ces radionucléides sont présents dans l'eau de Fukushima Daiichi. 70% de l'eau présente sur le site présentent des niveaux supérieurs aux valeurs réglementaires. Cette eau va donc devoir être à nouveau filtrée jusqu'à ce que ces taux de nucléides reviennent à des niveaux réglementaires.
Une pratique courante dans l'industrie nucléaire
Tous les réacteurs nucléaires en opération dans le monde conduisent à des rejets de radioactivité dans l'eau et dans l'atmosphère. Ces rejets sont encadrés et surveillés et la France n'échappe pas à la règle. Les rejets provenant du démantèlement de Fukushima, ceux issus des eaux traitées de la centrale, (autrement dit des eaux contenant du tritium), seront à des niveaux inférieurs ou égaux à ceux qui prévalaient lorsque les réacteurs de Fukushima Daiichi étaient en fonctionnement normal avant l'accident de 2011.
L'organisation écologiste Greenpeace avait proposé d'augmenter la capacité de stockage durable sur le site nippon mais la solution n'a pas été retenue par les autorités japonaises. Au total, cinq options ont été examinées pour se débarrasser de ces eaux contaminées :
Le rejet en mer, le rejet dans l'atmosphère, l’injection dans le sous-sol, le rejet de l'hydrogène dans l'atmosphère après une opération d’électrolyse (séparation de l'oxygène et de l'hydrogène), et enfin la solidification suivi d'un entreposage sous-terrain.
La possibilité d'agrandir le stockage a aussi été étudiée par les autorités japonaises mais elles ont estimé que la capacité sur le site existant était insuffisante et que l'exploitation d'un autre site poserait d'énormes problèmes de transport pour l'acheminement quotidien des 140 tonnes d'eau contaminée.
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