Innovation textile : un fil d'araignée produit par des vers à soie ouvre de nouvelles perspectives

Mauvaise nouvelle pour ceux qui ont peur des araignées. Il faut s’attendre à voir de plus en plus de vêtements, de voitures et même de produits médicaux en toile d’araignée.
Article rédigé par Anicet Mbida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Pour contourner l'élevage impossible des araignées en masse, la recherche tente depuis des décennies de synthétiser de leur soie en laboratoire. (photo d'illustration) (YURI KADOBNOV / AFP)

La soie d’araignée est le nouveau matériau en vogue. Toutes les industries s’y intéressent. Elle a effectivement des propriétés extraordinaires. On a du mal à s’en rendre compte quand on les balaie avec un plumeau, mais c’est une des fibres les plus solides au monde : elle est six fois plus résistante que le Kevlar utilisé dans les gilets pare-balles. Elle est également deux fois plus légère que la fibre de carbone et très élastique, capable de s’étirer jusqu’à cinq fois avant de casser.

On aimerait donc s’en servir pour des cordages ou des toiles ultra-résistantes. Mais aussi pour renforcer les carrosseries des voitures sans ajouter de poids, ou encore, en médecine, pour remplacer la suture ou les ligaments artificiels, puisque c’est une fibre qui a aussi l’avantage d’être biocompatible.

Pour récupérer ce tissage, on ne peut pas élever des araignées comme des vers à soie, car elles sont cannibales. Dans un élevage, ce serait un carnage, elles finiraient par se manger entre elles. On essaie donc, depuis des décennies, de synthétiser de la soie d’araignée en laboratoire.

Vers une production de masse

Jusqu'ici, le résultat n’était pas toujours probant, mais ces dernières semaines, deux événements ont changé la donne. Des chercheurs chinois, de l’université Donghua, ont modifié génétiquement des vers à soie pour qu’ils produisent de la toile d’araignée. Et des scientifiques de l’institut Riken, au Japon, ont réussi à créer une glande artificielle capable de produire, à l’identique, cette fameuse soie d’araignée. Cela pourrait donc donner le top départ à une production en masse, avec des coûts beaucoup plus abordables.

Le premier domaine qui attend cette révolution est celui des vêtements. Plusieurs parkas de ski seront bientôt commercialisées. Il se trouve que la soie d’araignée résiste à des températures de -40°. Elle est plus chaude et plus dense que le duvet. Des vêtements techniques pourraient donc voir le jour, avec des fibres 100% naturelles, plutôt qu’issues de la pétrochimie comme le nylon ou le polyester.

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