L'intelligence artificielle peut-elle remplacer les tests sur les animaux en laboratoire ?

Des chercheurs travaillent sur une application de l'IA qui permet d'analyser les résultats de tests sur les animaux disponibles à l'échelle mondiale et éviter ainsi de nouveaux tests inutiles. Ces technologies offrent un espoir de transition vers des méthodes plus éthiques.
Article rédigé par franceinfo - Damien Bancal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dans certains cas, l'IA s'avère déjà plus précise que les tests sur les animaux. Photo d'illustration. (D-KEINE / E+ / GETTY IMAGES)

Personne n'aime voir les animaux subir des tests scientifiques, des amoureux des animaux aux techniciens de laboratoire. Pourtant, garantir la sécurité des médicaments et autres substances pour une utilisation humaine future a longtemps justifié ces pratiques. Cependant, les chercheurs travaillent depuis des décennies sur des alternatives non-animales, et désormais, les systèmes d'intelligence artificielle (IA) accélèrent ces travaux.

Une application simple mais prometteuse de l'IA consiste à analyser les résultats de tests sur les animaux existants et disponibles à l'échelle mondiale. Cette méthode vise à éviter la nécessité de nouveaux tests inutiles. Joseph Manuppello, analyste de recherche senior au Physicians committee of responsible médicine de Washington, explique que les scientifiques peuvent avoir du mal à trier des décennies de données pour trouver et analyser exactement ce qu'ils recherchent. L'IA, comme le modèle ChatGPT, pourrait extraire et synthétiser toutes ces données, optimisant ainsi leur utilisation.

Thomas Hartung, professeur de toxicologie à l'université Johns Hopkins de Baltimore, directeur du Centre pour les alternatives aux tests sur les animaux, soutient que l'IA est aussi efficace, voire meilleure, que l'homme pour extraire des informations à partir d'articles scientifiques. Selon lui, la nécessité de tester de nouveaux produits chimiques, avec plus de 1 000 nouveaux composés entrant sur le marché chaque année, justifie l'importance de l'IA dans ce domaine. Les systèmes d'IA formés commencent même à déterminer la toxicité des nouveaux produits chimiques, permettant d'obtenir des évaluations préliminaires rapidement.

L'IA représente un bond en avant considérable en termes de puissance et de précision par rapport aux logiciels utilisés depuis longtemps en toxicologie. Cette avancée crée des opportunités inédites et implique l'IA dans toutes les étapes des tests de toxicité, jusqu'à la création de nouveaux médicaments. Cependant, les systèmes d'IA ne sont pas parfaits et peuvent être sujets à des biais de données, comme lorsqu'un algorithme est formé avec des données de santé d'un seul groupe ethnique, risquant de ne pas être entièrement adapté à d'autres origines ethniques.

Tester sur un chien virtuel

Tester des médicaments humains sur des animaux peut parfois s'avérer peu utile, voire dangereux. Par exemple, un médicament contre l'arthrite a passé avec succès les tests sur les animaux avant d'être retiré du marché en raison de risques accrus de crises cardiaques chez les humains. À l'inverse, des médicaments comme l'aspirine auraient échoué aux tests sur les animaux malgré leur usage courant chez les humains. 

Dans certains cas, l'IA s'avère déjà plus précise que les tests sur les animaux. Des projets comme AnimalGAN, développé par la Food and Drug Administration américaine, visent à remplacer les tests sur les animaux en utilisant l'IA pour prédire les réactions des rats à des produits chimiques. Un autre projet, Virtual Second Species, crée un chien virtuel entraîné avec des données de tests historiques sur de vrais chiens.

Un espoir de méthodes plus éthiques

Cathy Vickers, du Centre national britannique pour la réduction du nombre d'animaux dans la recherche, rappelle que les nouveaux médicaments sont actuellement testés sur des rats et des chiens avant les essais humains. Le principal défi pour les tests d’IA sera d’obtenir l’approbation réglementaire. Le Dr Vickers reconnaît que "l’acceptation totale prendra du temps".

Emma Grange de Cruelty Free International insiste sur la nécessité d’éliminer progressivement les tests sur les animaux. Bien que les nouvelles technologies comme l’IA ne puissent pas encore mettre fin complètement aux tests, elles offrent un espoir de transition vers des méthodes plus éthiques. L'IA pourrait bien être la clé pour un avenir où les tests sur les animaux ne seront plus qu'un lointain souvenir, remplacés par des méthodes plus avancées et éthiques, répondant aux besoins de sécurité tout en respectant la vie animale.

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