BD bande dessinée. Blutch, prince de Strasbourg

Strasbourg, la cité de Gustave Doré et de Tomi Ungerer, décédé il y a moins de deux mois, lance ce week-end ses 4e rencontres de l’illustration. Et offre à cette occasion les clés de la ville à un autre enfant du pays, le dessinateur Blutch, passé par la pépinière des arts décoratifs de Strasbourg.

Mes parents et grands-parents ont été tantôt allemands, tantôt français. Je suis bilingue. Cet aspect alémanique que l’on retrouve aussi dans l’approche du dessin me touche. Je cultive cette âme germanique, cette forme de mélancolie.

Blutch

Pas moins de cinq expositions pour Blutch

Elles présentent les travaux du jeune quinquagénaire, aussi à l’aise chez Fluide glacial qu’en compagnie d’Alain Resnais et Mathieu Amalric.

A la médiathèque, la BD avec son prochain livre, une reprise des personnages de Tif et Tondu sur laquelle il travaille avec son frère Robber, un frangin que l’on peut voir gamin dans les aventures autobiographiques de Blutch : Le petit Christian.

Blutch revendique l’héritage de ses émotions d’enfant jusque dans ses illustrations les plus cérébrales : celles qu’on peut voir au Shadock, la fabrique du numérique de Strasbourg où il dialogue en dessins avec Anne-Margot Ramstein, ou encore au Musée d’art moderne et contemporain qui propose un parcours ambitieux. Et pour tout dire gonflé. Les lavis et les pastels de Blutch, ses corps intrigants, ses nus tendus, son dessin libre et ses compositions hermétiques y côtoient sans complexe Steinberg et Bonnard, Dürer et Max Ernst.

Quand on passe ensuite au Musée Tomi Ungerer, à l’étrangeté, au bizarre, à l’incongru s’ajoute l’humour, mais un humour toujours grinçant, railleur, peu aimable.

Je suis un enfant de l’humour juif, moqueur, ironique, âpre. Je ne suis pas là pour consoler mes contemporains.

Blutch

Blutch, invité d’honneur des 4e rencontres de l’illustration jusqu’à fin mars. Les grandes expositions se poursuivront jusqu’à fin juin. Pour ceux qui ne se rendront pas à Strasbourg, on conseillera le catalogue Blutch, un autre paysage, chez Dargaud, le dialogue Blutch & Anne-Margot Ramsteinn coédité par Central Vapeur et 2024 et Pétrone/Blutch, une rencontre aux éditions Marie Barbier autour de la création de l’album Péplum, aux éditions Cornélius, inspiré du Satiricon.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Magus of the library, de Mitsu Izumi, chez Ki-oon

L'autrice Mitsu Izumi nous entraîne dans un lieu inconnu. Les paysages et les costumes font penser à l'ancien Moyen-Orient. Elle nous parle des livres et de ce qu'ils apportent à leurs lecteurs. C'est grâce à eux que Shio, un enfant au teint pâle, aux cheveux dorés, aux yeux émeraude et aux oreilles pointues, va réussir à trouver une échappatoire aux moqueries des enfants et à la méfiance des adultes.

Dans ce récit initiatique, il est question de romans d’aventure et plus particulièrement des exploits d’un certain pirate. Le héros va rencontrer un "Guide". Le lecteur, lui, va découvrir la restauration des livres et des grimoires dangereux à cause de leur pouvoir maléfique. Véritable ode à la lecture et à l’imaginaire, ce manga offre un univers riche et dépaysant. Les vêtements des personnages sont particulièrement détaillés, tout comme les décors.