Cet article date de plus de douze ans.

Bézian en enfance

Avec Aller-retour (éd. Delcourt), le toulousain Frédéric Bézian signe son album le plus personnel et l'un des plus ambitieux de ce début d'année. Un travail sur la mémoire et le deuil de l'enfance.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (©)

Bézian a passé son enfance près
de Carcassonne dans un village fait de rues concentriques dans lesquelles le
dessinateur revient régulièrement sur ses pas depuis que sa famille en est
partie en 1969.

A chaque fois, il éprouve la
même sensation. Deux temps se télescopent: ici et maintenant, le moment
de sa déambulation d’adulte, et hier qui n’est pas tout à fait ici, le temps de
la mémoire, celui des images emmagasinées. L’angle de vue a changé. Quand on
est enfant, on lève souvent la tête ; aujourd’hui, Frédéric Bézian, 1m87,
dit la baisser plus souvent.

Aller-retour ,
sa nouvelle bande dessinée parle de cela. De ces sentiments confus quand, sur
les lieux qui vous ont vus grandir, on fait tout pour retrouver les émotions
passées. Avec la claire conscience que c’est un leurre. Et l’inconscience de
vouloir y croire. Une note de musique, le grain de la pierre, une odeur fugace
suffit.

Avec la série Adam Sarlech , on
avait découvert Bézian auteur de bandes dessinées inquiétantes, baroques  et fantastiques. Puis l’auteur, creusant la
veine du thriller, avait inscrit dans le réel des récits tout aussi inquiétants :
Les Garde-fous , Chien rouge, chien noir .

Aller-retour,  qui
tient de l’autofiction, tend à la banalisation du propos. Le livre parvient
néanmoins, par son écriture abondante et sa maîtrise du dessin inachevé, à
conserver cette dimension qui fait la marque du toulousain à la plume acérée,
aux arbres torturés, aux ombres habitées. Quand on lui fait remarquer qu'il est perpétuellement inquiétant, Bézian répond: "plutôt inquiet".

Aller-retour ,
Bézian, aux éditions Delcourt.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses, parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.

Secret service, Maison de Ayakashi de Cocoa Fujiwara chez
Kurokawa

Ririchiyo vient d'emménager dans la "Maison de Ayakashi",
une résidence réservée à ceux qui sont nés de l’union entre une créature
surnaturelle et un humain. Dans cette maison, chaque habitant à son propre
serviteur, qui fait aussi office de garde du corps. Sôshi va ainsi obéir au
doigt et à l’œil de Ririchiyo, qui ne peut s’empêcher d’être désagréable dès
qu’elle s’adresse à quelqu’un. Mais la jeune fille n’est pas au bout de ses
surprises. Ce premier tome nous fait découvrir un à un les occupants de la
résidence et les relations qui les unissent.

Romance, humour, action, ce manga mélange un peu tous les
genres.

La bande-annonce de Secret service , Maison de Ayakashi

Bonne nuit Punpun ! d’Inio Asano chez Kana

Punpun, qui ressemble à un poussin, est un jeune garçon de
CM1. Sa vie va basculer le jour où son père, alcoolique, et qui bat sa femme, est
envoyé en prison. Contraint de cohabiter avec son oncle, Punpun partage ses
journées entre l’école, ses copains, avec qui il découvre les mystères de la
sexualité, et Aiko, la nouvelle élève dont il est fou amoureux. Sa vie va
changer encore un peu plus.

Bonne nuit Punpun ! est un manga un peu décalé, prenant et touchant à la
fois. Les personnages ne manquent pas de nous surprendre, comme le graphisme
très simple pour Punpun et sa famille, mais très précis et expressif pour le
monde et les personnages qui les entourent.

La bande-annonce de Bonne nuit Punpun !

Front mission – Dog Life & Dog Style de Yasuo Ôtagaki
(scénario) et C.H. Line (dessins) chez Ki-oon

En 2090, une guerre éclate sur l’île de Huffman, dans
l’océan Pacifique, entre l’USN (union des Amériques) et l’OCU (union de
l’Océanie et de l’Asie du sud-est), les deux superpuissances mondiales qui en
convoitent les richesses naturelles. Le journaliste japonais Akira Matsuda est
envoyé sur place pour suivre les évènements. Il va être aidé par Kenichi
Inuzuka, un reporter freelance effacé qui arpente les champs de bataille pour
mettre sur le net des photos atroces témoignant de la réalité de cette guerre.

Adapté du jeu vidéo Front Mission , le manga possède un graphisme efficace qui
plonge immédiatement le lecteur au cœur de la guerre, avec un mélange de scènes
très violentes, voire chocs. Le récit assez froid privilégie le drame humain. A
réserver à un public averti.

La bande-annonce de Front mission - Dog Life & Dog Style

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