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L'ironie de l'Histoire

En ces temps douloureux et troublés, deux bandes dessinées nous rappellent que l'histoire ne manque pas d'ironie cruelle. "L'Ours de Ceausescu" nous renvoie à la dictature roumaine qui a pris fin en 1989. "La Terre, le ciel, les corbeaux" parle de la seconde guerre mondiale. 

Radio France
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L'HISTOIRE, CE SONT LES PERSONNAGES QUI LA FONT (GAEL HENRY, STEINKIS / STEFANO TURCONI, GLENAT)

Ceux qui étaient en âge de suivre l’actualité en 1989 n’ont pas oublié l’exécution de Nicolae et Elena Ceausescu, point d’orgue de la révolution roumaine. Le couple de dictateurs avait été jugé et fusillé de manière expéditive, moins de quinze jours après le début de grandes manifestations populaires.

L'ours et le dictateur

L’Ours de Ceaucescu s’ouvre sur le dernier discours du Génie des Carpates, quand le Conducator fut brusquement interrompu par les sifflets de la foule. On se dit que cette bande dessinée va trouver place au rayon BD historiques. Mais très vite, on s’interroge.

Pour raconter la Roumanie des années totalitaires, pourquoi avoir choisi cette jeune fille à qui, enfant, on confisqua injustement un joli nœud rose ? Et ce gaillard recalé à l’entretien ubuesque d’embauche de la police politique du régime ? Ce poète, bien en cour, qui n’a plus le droit de garder sa machine à écrire ? Un clown, une femme de ménage, un montreur d’ours : pas plus que le lecteur, les personnages ne comprennent ce qui leur arrive. Jusqu’à la chute, et le retour au réel qui nous rappelle toute l’ironie de l’Histoire en marche.

Les dessins de carnaval de Gaël Henry collent à la farce grinçante du scénariste Aurélien Ducoudray.

L’Ours de Ceausescu, aux éditions Steinkis

Une bande dessinée littéraire

Teresa Radice et Stefano Turconi font preuve de la même ironie devant l’Histoire. Leur scénario commence comme une mauvaise blague : c’est l’histoire d’un Allemand, d’un Russe et d’un Italien qui s’enfuient d’un camp de prisonnier pendant la seconde guerre mondiale. Comme ils ne partagent pas la même langue, ils ont bien de la peine à se comprendre. Apeurés et affamés, ils vont devoir faire cause commune pour traverser, sous un ciel bas, les plaines et les bois enneigés.

Les mots leur font défaut, mais ils ne manquent pas à cette BD-là, l’une des plus littéraires qu’il nous ait été donné de lire. Les textes off disent ce qui taraude les hommes et les pousse au meurtre, au sacrifice et au dépassement de soi.

La Terre, le ciel, les corbeaux, aux éditions Glénat.

INFO MANGA (FRANCEINFO)

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

Blissful Land, d'Ichimon Izumi, chez nobi nobi

Blissful Land (© by IZUMI Ichimon / Kôdansha / nobi nobi !)

Blissful Land est le deuxième titre de la collection Genki des éditions nobi nobi qui s'adresse aux 14 ans et plus.

L'histoire se déroule au XVIIIe siècle, dans un village au milieu des montagnes du Tibet. Kang Zhipa, apprenti médecin, fait la connaissance de sa fiancée, Moshi Lati, venue d’une contrée lointaine. Pour ces futurs mariés aussi tendres que naïfs, apprendre à se connaître est déjà toute une aventure. Au fur et à mesure des cueillettes d'herbes médicinales, des préparations de remèdes ou de plats traditionnels, les deux jeunes vont se découvrir. Se tisse alors le récit du quotidien chaleureux d'une terre qu'on dirait bénie des cieux.

Le graphisme et l'histoire font tout de suite penser à Bride Stories. Les planches sont très belles et pleines de détails, que ce soit au niveau des maisons tibétaines, des paysages de cette région ou des tenues traditionnelles. L’auteur parvient à rendre ses personnages immédiatement attachants.

On prend plaisir à découvrir leur vie au travers de petits moments sans prétention. Un manga romantique, touchant, dans lequel on apprend beaucoup de choses sur les traditions mais aussi sur les herbes médicinales et les spécificités de ce Tibet du XVIIIe siècle (noms d’usage, thé au beurre, les mariages par enlèvement ou le mantra de la médecine).

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