Les derniers jours de Fernando Pessoa

Nicolas Barral nous emmène au Portugal sur la trace du grand écrivain Fernando Pessoa.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La mélancolie de l'écrivain (NICOLAS BARRAL, DARGAUD)

Pour y avoir été initié par sa femme d’origine portugaise, Nicolas Barral cultive un goût prononcé pour l’histoire, l’esprit et la culture lusitanienne. En tout cas, dit-il, "une détermination à briser quelques clichés sur le Portugal".

Pessoa et ses doubles

Dans son précédent livre, Sur un air de Fado, il racontait le Portugal des derniers jours de la dictature de Salazar. Avec L’intranquille monsieur Pessoa, Barral évoque aujourd’hui le grand écrivain, romancier, poète, auteur d’aphorismes, qui signa des milliers de pages de son nom, ou de ceux qu’il appelait ses hétéronymes, soit au moins quelque 72 personnalités inventées, avec chacune, leur style et leur propos.

"Un jour, à Lisbonne, flânant dans une librairie, je suis tombé sur un livre dont la couverture présentait une photo de Pessoa au regard mélancolique. J’y ai vu comme une espèce d’affinité."

Nicolas Barral,

à franceinfo

Cette mélancolie transparaît dans chaque case de L’intranquille monsieur Pessoa, petit employé de bureau alcoolique, chargé des traductions dans une société du port de Lisbonne, et qui se souvient de son enfance, écoute son barbier ou dialogue avec ses amis apprentis littérateurs.

"C’est pour moi l’occasion de parler de cette malédiction qui consiste à éprouver le besoin de se raconter. Ça me renvoie à moi-même ; je ne peux pas concevoir ma vie sans raconter. Pour comprendre le monde qui m’entoure."

Nicolas Barral,

à franceinfo

Un presque polar

Le Pessoa de Barral va bientôt mourir. Et avec lui, tous ceux dont il tient la plume, les fameux hétéronymes. Et c’est là que réside l’excellente trouvaille de Nicolas Barral. Pour en finir avec tous ses doubles, avant de rendre son dernier souffle, Pessoa devra les affronter.

Le récit mélancolique, tout empreint d’humanité, change de ton. L’enquête dans les pas du personnage un peu falot, moustache étroite, chapeau et gabardine, au regard perdu derrière ses petites lunettes rondes, qui fréquente les cafés, passe du bureau à son lit, écrit la nuit, se change en polar inquiet. Et Barral de conclure avec ses personnages que "la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas".

L’intranquille monsieur Pessoa est publié aux éditions Dargaud.

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