Cet article date de plus de neuf ans.

"Pilote", une révolution

Pour le journaliste Eric Aeschimann et le dessinateur Nicoby, "Pilote" a marqué l'histoire de la BD à cause d'une scène fondatrice, en mai 1968.
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 125 min
  (© Gotlib, Dargaud / Nicoby, Dargaud / Jean Solé, Dargaud)

Dans le cercle des auteurs de bandes dessinées, parmi les commentateurs, chez les éditeurs, l’anecdote était connue. Racontée par ceux-là mêmes qui l’avaient vécue, la scène fait partie de de l’histoire, voire de la légende du 9ème art. En 1968, pendant les événements, alors que Paris est paralysé, les dessinateurs du mythique magazine Pilote , mâtin quel journal !, convoquent leur rédacteur en chef. René Goscinny, c’est bien de lui qu’il s’agit, croit les rejoindre pour boire un coup. Il sera accueilli par un vrai tribunal populaire qui l’accable sous une avalanche de critiques. C’est l’époque qui veut ça : le chef doit payer, qui plus est quand il connaît le succès que lui offre Astérix. Goscinny ne s’en remettra pas. L’hebdomadaire Pilote non plus.

Ainsi naitront Fluide glacial, L’Echo des Savanes , puis Métal Hurlant . Le journaliste Eric Aeschimann, qui signe à l’Obs , en a tiré une théorie : celle de La Révolution Pilote . Accompagné du dessinateur Nicoby, il est allé la vérifier auprès des différents acteurs du drame : Jean Giraud, qui dessine alors Blueberry, Druillet, Fred, le créateur de Philémon, ou encore Gotlib, Bretécher, Mandryka.

Pour Eric Aeschimann et Nicoby, cette scène date le moment de l’émancipation de créateurs de génie. La Révolution Pilote , avec ces témoignages collectés sur le mode de l’humour, est aujourd’hui une BD aux éditions Dargaud.

  (info manga 635)
 

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.

A Silent Voice , de Yoshitoki Oima, chez Ki-oon

  (© Yoshitoki Oima / Kodansha Ltd. / Ki-oon)
Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule.

Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe. Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible.

 

Psychologiques puis physiques, les agressions du jeune garçon se font de plus en plus violentes... jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko, ainsi que l’intervention du directeur de l’école. À cet instant, tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas eux non plus une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable...

 

A Silent Voice  reflète le triste quotidien de certains élèves au Japon et dénonce le phénomène tabou de l’ijime (brimades entre élèves). Yoshitoki Oima nous livre un récit à la première personne qui nous oblige à entrer dans la peau de Shoya, et à partager ses frasques de plus en plus dures. Le titre est rythmé et très prenant. Le ton juste et les personnages vraiment humains nous poussent à réfléchir sur notre rapport au handicap et à la différence, et à la cruauté dont on peut parfois faire preuve.

La bande-annonce de A Silent Voice

Lire un extrait de A Silent Voice

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.