Cet article date de plus d'un an.

Au Japon, des recettes aux œufs... mais sans oeuf, à cause de la grippe aviaire

Au Japon, les restaurants sont obligés de repenser leurs menus car le pays fait face, depuis l’automne dernier, à une très grave épidémie de grippe aviaire.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une pancarte signale l'augmentation du prix des oeufs dans un supermarché d'Osaka, au Japon, le 2 décembre 2022. (NAOKI MAEDA / YOMIURI)

Le Japon n’avait jamais vu cela : le pays subit depuis l’automne dernier une grave épidémie de grippe aviaire et les restaurants sont obligés de repenser leurs menus. Le prix des œufs s’est, en effet, envolé et les fournisseurs ne peuvent plus répondre à la demande. Donc, pour compenser, les géants de l’agroalimentaire inventent de plus en plus de recettes aux œufs, mais sans œuf, comme de bons œufs brouillés à la poudre de colin par exemple. 

>> Grippe aviaire : des vaccins "très efficaces" sur les canards

Le pays a déjà été confronté à des épizooties de grippe aviaire. Mais cette année, la maladie touche plus de la moitié de toutes les préfectures. Et les autorités ont déjà dû ordonner l’abattage de plus de 18 millions de volailles dans l’archipel, deux fois plus que lors de la précédente pire vague de contamination, où il y a avait eu moins de dix millions d’animaux abattus. Les scientifiques pensent que le virus de cette saison est particulièrement violent et qu’il infecte plus facilement les oiseaux migrateurs et les oiseaux sauvages, et se diffuserait ainsi plus rapidement un peu partout dans le pays. La situation est tellement grave que plusieurs préfectures du pays ont tiré la sonnette d’alarme en expliquant qu’elles n’avaient même plus assez d’espace pour enterrer les restes de tous les poulets sacrifiés.

À Tokyo, des rayons œufs frais à moitié vides

Cette crise a un impact sur l’approvisionnement en œufs dans le pays : toute la chaîne d’approvisionnement est bouleversée et on constate de très graves pénuries. On le voit dans les supermarchés à Tokyo, les rayons œufs frais sont à moitié vides, ou alors les boites sont très chères. Le prix moyen d’un kilo d’œufs a atteint le mois dernier les 350 yens, c’est-à-dire 2,40 euros. C’est du jamais-vu depuis 1954, depuis que le pays a commencé à compiler des statistiques sur le prix des aliments. La crise, bien sûr, impacte les restaurants : 30% des grandes chaînes de restauration du pays ont ainsi déjà modifié leurs menus. La plupart ont carrément supprimé tous les plats nécessitant des œufs frais. Il est ainsi plus difficile désormais de trouver des pancakes ou du riz frit "à la chinoise". Beaucoup d’autres essayent de travailler avec des substituts, des sortes d’œufs artificiels. Ce sont souvent des produits qui avaient été développés pour les végétariens ou pour les personnes allergiques à l’œuf, et pour lesquels le grand public qui se convertit doucement.

Une omelette à la poudre de colin

Comment fabrique-t-on ces substituts d’œufs ? Il y a plusieurs solutions disponibles au Japon. Le groupe agroalimentaire Nissui a développé une omelette à base de poudre de... colin. L’entreprise dit que les ventes de son produit ont été multipliées par cinq depuis le début de l’année. Kewpie, qui est le grand spécialiste de la mayonnaise japonais, a, lui, lancé une recette d’œufs brouillés à base de lait de soja et de poudre d’amandes. Enfin, l’un des produits les plus populaires, maintenant, ce sont les faux œufs aux haricots blancs et à la carotte.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.