Au Japon, les "petits cadeaux" faits aux centenaires par les mairies ne font pas que des heureux
Au Japon, il n’y a pas de débat sur la réforme de la retraite, mais un débat sur les cadeaux que l’Etat doit faire, ou non, à tous les centenaires du pays. Depuis des années, le gouvernement et les collectivités locales font en effet un geste spécial pour tous les habitants qui atteignent les 100 ans. Mais cela coûte de plus en plus cher et certains se demandent si le pays peut continuer à se montrer aussi généreux.
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Cette tradition du cadeau de l’Etat pour le centième anniversaire remonte à 1963. C’est l’époque à laquelle le gouvernement a commencé à recenser précisément le nombre d’habitants passant ce cap symbolique. Cette année-là, 153 Japonais ont alors fêté leur centième anniversaire. Le gouvernement avait alors fait dessiner une petite coupelle en argent massif qui peut servir pour boire du sake, un sakazuki.
Plus de 4 000 anniversaires par an
Depuis, chaque centenaire a donc commencé à recevoir ce cadeau en argent accompagné d’une lettre du Premier ministre le félicitant pour sa longévité et le remerciant pour son service pour le pays. Cette tradition, 60 ans plus tard, commence à peser sur les finances publiques japonaises qui sont déjà en très mauvais état. Avec la progression fulgurante de l’espérance de vie au Japon, il y a maintenant chaque année des milliers de nouveaux centenaires. De 153 en 1963, en 2022, ce sont 4 016 Japonais qui ont fêté leur siècle de vie.
Pour faire des économies, le gouvernement a déjà réduit en 2009, la taille des coupelles qu’il offre. Et en 2016, il a décidé de passer de l’argent au plaqué argent, ce qui lui a permis de diviser par deux le prix de chaque coupe. Mais cela représente encore près de 3 800 yens par cadeau, environ 30 euros. Certains se demandent donc s’il ne faudrait pas arrêter les cadeaux et ne peut plus envoyer qu’une lettre de félicitations signée par le Premier ministre.
Cette idée provoque un véritable débat à l’échelon local dans les collectivités où il y a beaucoup de centenaires : plus de 90.000 personnes. Par exemple, à Samboku, au nord du Japon, la ville verse 100 000 yens -700 euros - pour cet anniversaire. Or, le maire vient d’essayer de supprimer ce cadeau, car sa ville va mal - elle n’a plus de jeunes et plus beaucoup de revenus -, mais le conseil municipal, qui est composé d’élus très âgés, s’est opposé à cette réforme. Et les chèques vont continuer à être distribués.
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