Environnement : un "plastique supramoléculaire" enfin biodégradable capable de fondre dans la mer

C’est potentiellement une révolution pour la planète. Des chercheurs japonais ont mis au point un nouveau matériau, qui se dissout dans l'eau salée et qui ouvre un horizon pour lutter contre la pollution des océans par les microplastiques.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un littoral dans la baie de Hann à Dakar, le 2 juin 2018. Photo d'illustration. (SEYLLOU / AFP)

Chaque minute dans le monde, l’équivalent d’un camion poubelle de déchets plastiques est rejeté dans les océans de la planète. Ce qui provoque chaque année 10 millions de tonnes de plastique supplémentaires dans la mer. Et chacun de ces déchets va mettre 500 ans à se décomposer. Ces bouteilles de sodas, sacs de course ou encore emballages de nourriture se retrouvent aussi dans les champs ou dans des gigantesques décharges.

Alors que le comité de l'ONU qui s'ouvre, lundi 25 novembre, à Busan, en Corée du Sud, espère mettre d'accord 175 pays sur un texte fort contre la pollution plastique à l'échelle mondiale, des chercheurs japonais viennent de créer un plastique qui peut se dissoudre dans l’eau salée et même dans la nature. C’est sur ce plastique révolutionnaire que travaillent, depuis des années, des chercheurs du Centre Riken pour les matériaux émergents, notamment le professeur Takuzo Aida. Ils ont publié leurs résultats dans la revue spécialisée Science, mercredi 21 novembre.

Une décomposition en 10 jours dans la terre

Ils ont créé un "plastique supramoléculaire", qui est biodégradable. Il peut presque fondre dans l’eau salée, donc dans l’eau de mer. Il peut aussi se décomposer en dix jours dans la terre. Et mieux encore, lorsqu’il disparaît, il peut enrichir le sol en azote et en phosphore.

Ce plastique n’est pas fabriqué comme les autres avec des dérivés des produits pétroliers. Il combine, lui, des monomères biodégradables, notamment composés d’un additif alimentaire très courant qui s’appelle l’hexamétaphosphate de sodium. Et les liens entre ces différentes molécules peuvent être cassés au contact de l’eau salée. Ils vont donc se dissoudre facilement sans laisser derrière de eux de microplastiques polluants.

Les chercheurs japonais n’ont pas encore vendu leur recette aux grands producteurs de plastique de la planète, donc on ne sait pas encore si ce nouveau matériau est aussi polyvalent que le plastique classique. Mais les scientifiques assurent que leur solution fonctionne déjà parfaitement pour de nombreuses applications. Leur matériau peut être fondu à 120 degrés pour prendre différentes formes, que ce soit des bouteilles en plastique, des emballages alimentaires, mais aussi des matériaux plus solides, un peu comme du caoutchouc. Pour les chercheurs, les possibilités sont presque infinies.

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