Japon : les autorités s'attaquent aux contrefaçons chinoises... de fruits et légumes !
On connaissait les contrefaçons de portefeuilles de luxe français, de grandes marques de montres suisses ou de médicaments américains, mais le trafic qui agace beaucoup le Japon en ce moment, ce sont les copies de fruits et de légumes. Le gouvernement veut absolument protéger ses agriculteurs qui ont mis des décennies à développer des produits exceptionnels. Et vous risquez maintenant de la prison si vous sortez une belle laitue "Espoir" de Shinano. Les autorités japonaises parlent d'espionnage agricole, un concept qui existe dans de nombreux pays.
Partout, les agriculteurs essayent de protéger les nouvelles variétés qu'ils ont créées. Il existe même à Genève une organisation multilatérale qui s'appelle l'Union internationale pour la protection des obtentions végétales, l'UPOV. Normalement, elle permet de réguler le commerce des nouvelles semences. Mais le problème, c'est que cette organisation demande aux producteurs, qui ont inventé une nouvelle variété, d'enregistrer dans au moins un pays à l'étranger leur semence, dans les quatre ans qui ont suivi leur découverte. Mais beaucoup d'exploitants japonais n'ont pas enregistré les produits qu'ils ont développés sur des décennies, car ils travaillent surtout pour le marché japonais.
La mangue Miyazaki à 100 euros ou le melon Yubari à 500 euros
Il existe, en effet, au Japon un vrai marché du fruit de luxe. On trouve à Tokyo des magasins spécialisés où vous allez acheter une mangue de Miyazaki à 17 000 yens, c'est-à-dire 105 euros, une sublime grappe de raisin Shine Muscat à 50 euros, mais aussi, quand c'est la saison, des melons de Yubari, les meilleurs atteignent 500 euros pièce. Ce sont des fruits que vous allez offrir lors des grandes occasions, souvent à l'été ou l'hiver, cela peut être pour votre famille, pour vos meilleurs clients, votre patron ou le médecin de famille.
Une liste de 2 000 fruits et légumes qu'il est interdit d'exporter
Et ces fruits de luxe sont de plus en plus contrefaits. Des trafiquants chinois et coréens ont vite compris qu'ils avaient à faire à des produits exceptionnels et ils font maintenant pousser ces variétés dans leurs champs pour alimenter leurs propres marchés ou s'attaquer à l'international à des prix cassés. On trouve, par exemple, maintenant le raisin muscat Shine Japonais "Made in China" à Hong Kong ou en Thaïlande. Et les contrefaçons qui n'incluent pas le coût des années de recherche sont trois fois moins chères.
Alors, pour protéger ses agriculteurs, le ministère de l'Agriculture japonais a défini une liste de près de 2 000 fruits et légumes, qu'il est interdit d'exporter. On ne peut sortir ni les graines, ni les semis du Japon. Si un contrebandier se fait attraper, il risque 10 ans de prison et jusqu'à 60 000 euros d'amende.
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