Pénurie de main d'oeuvre : l'intelligence artificielle à la rescousse de l'administration au Japon
Pour pallier les pénuries de main d'œuvre, notamment dans les administrations, le gouvernement japonais se penche sur le potentiel de l'intelligence artificielle, comme ChatGPT, pour réduire le volume de travail des employés. C'est l'expérience que mène depuis la semaine dernière la mairie de Yokosuka, à une heure de train au sud de Tokyo. Cette ville, assez connue au Japon, accueille une grande base militaire américaine, et beaucoup de résidents étrangers.
Confrontée au manque de personnel, la mairie a annoncé avoir demandé à ses 4 000 employés de tester ChatGPT pendant au moins un mois. L'idée : évaluer la capacité de cette technologie d’intelligence artificielle à réduire la charge de travail dans les différents services et bureaux, aussi bien sur les tâches répétitives que sur un travail qui nécessiterait beaucoup de temps d’écriture.
Selon la mairie, ses fonctionnaires pourraient notamment s’en servir pour alimenter un service d’échanges interne, un chat très simplifié, qu’utilisent déjà ses équipes. Ils pourraient aussi demander à ChatGPT de résumer certains rapports ou les réunions du Conseil municipal pour les élus ou les habitants, ou encore de corriger des communications officielles. La mairie espère même que ChatGPT pourrait à terme suggérer des pistes nouvelles pour résoudre des problèmes de la ville. Les fonctionnaires auraient ainsi plus de temps pour gérer les rencontres en direct avec les habitants qui ont besoin d’eux.
D'autres élus s'y opposent fermement
Il y a tout de suite eu des questions sur la protection des données privées des habitants ou des employés. La crainte principale était celle du risque de fuite sur Internet, à partir du moment où l'intelligence artificielle aurait accès à tous les fichiers. Pour répondre à ces inquiétudes, la mairie de Yokosuka affirme que le programme ne sera utilisé que pour des fonctions qui justement ne traitent pas des dossiers individuels ou de données sensibles.
Pour le moment, la ville de Yokosuka reste pionnière dans ce domaine. Certains élus japonais sont même assez sceptiques sur l’intérêt ou l’éthique de ce genre de technologies, qui n’est, en réalité, qu’un système d’écriture automatique. En effet, Chat GPT n’est pas entraîné à penser ou à chercher des informations exactes, mais seulement à prédire, à une très très grande vitesse, le mot suivant dans un texte demandé.
La semaine dernière, le gouverneur de la préfecture de Tottori, à l’ouest du pays, a d’ailleurs annoncé qu’il allait interdire à ses fonctionnaires d’utiliser ChatGPT dans leur travail. Selon cet élu, le service aux administrés doit être fait par des humains qui sont au contact de la population. C’est à eux de trouver les réponses appropriées. Confier ce travail à une machine, ça serait, presque, selon lui, anti-démocratique.
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