Réseaux sociaux : à la découverte de "Gas", l'appli "positive" où les ados se lancent des fleurs de manière anonyme et sous contrôle
Les réseaux sociaux sont souvent pointés du doigt comme toxiques pour l’estime de soi, notamment chez les adolescents, souvent la cible de cyberharcèlement. Une étude interne de Meta a notamment conclu qu’Instagram par exemple, heurtait la confiance en soi d’un grand nombre de ses jeunes utilisatrices. Aux États-Unis, une application, Gas, cherche donc au contraire, à être un réseau social positif où les utilisateurs se complimentent.
L’application cible les lycéens. Ce n’est pas une messagerie, on n’y raconte pas sa vie comme sur Instagram ou Snapchat. Gas lance des sondages réguliers sur ses membres au sein d’une même école : qui est le plus sympa ou qui a le plus beau sourire, par exemple. Le gagnant reçoit une flamme comme symbole du compliment. Ce ne sont pas les autres utilisateurs qui le choisissent et ils ne peuvent pas s’écrire directement. Tout se fait de manière anonyme. Cependant, pour sept dollars, l’abonnement "God Mode" ("mode Dieu"), donne des indices, jamais le nom, sur ceux qui pensent toutes ces belles choses de vous. C’est en partie comme cela que Gas génère du revenu. L’application, disponible aux États-Unis depuis l’été dernier, a déjà été téléchargée plus de sept millions de fois.
Un remake et des rumeurs
L’un des créateurs, Nikita Bier, est un trentenaire qui avait déjà lancé TBH, il y a quelques années. TBH, c’est pour "To be honest" (pour être honnête), en langage SMS. Il avait revendu cette application, très similaire à Gas, en 2017 à Facebook qui l’avait fermée l’année suivante. Pas assez d’utilisateurs, avait argumenté le géant de la Silicon Valley. Nikita Bier a travaillé quatre ans dans la foulée à Facebook avant d’en partir pour recycler son idée. Gas est une référence à une expression de la génération Z, "Gassing up", faire un compliment, tout simplement. Cette fois, c’est la plateforme Discord qui a annoncé la semaine dernière l’acquisition de la création de Nikita Bier. Pour l’instant, l’application ne va pas changer, mais elle sera peut-être intégrée aux autres produits de Discord avec le temps.
L’histoire de Gas a toutefois failli s’arrêter plus tôt que prévu. À l’automne, alors que l’application devenait virale dans les lycées américains, est née une rumeur, selon laquelle Gas était en fait utilisée par des prédateurs sexuels pour retrouver des adolescents et les enlever. Une rumeur montée de toute pièce, née d’un commentaire sur l’application en Chine, qui s’est petit à petit propagée. C’est allé loin. Des milliers d’adolescents se sont débarrassés de Gas et la petite équipe de quatre employés a reçu des menaces de mort.
Dans l’Oklahoma, une police locale et une académie scolaire ont prévenu les parents de l’existence d’un risque et les médias locaux ont même repris l’information avant qu’il ne devienne clair que le fonctionnement - l’absence de messagerie notamment - ne pouvait pas encourager le trafic sexuel. Même l’acteur Ashton Kutcher, également entrepreneur chevronné dans la tech et engagé dans la lutte contre le trafic sexuel, est monté au créneau pour confirmer qu’il n’y avait rien à craindre.
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