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Impact d'Instagram sur la santé mentale : ce que disent vraiment les études rendues publiques par Facebook

Le patron de Facebook France a rejeté les accusations portées par une de ses anciennes salariées. Frances Haugen affirme que l'entreprise a connaissance de l'impact toxique d'Instagram sur les adolescents, notamment via des documents internes dont Facebook conteste l'interprétation. franceinfo a pu les consulter.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les logos d'Instagram et Facebook mis en avant, le 12 mars 2020, lors d'un salon à Ankara (Turquie). (NEVZAT YILDIRIM / ANADOLU AGENCY)

"La conclusion de cette étude que vous citez est fausse. C'est une étude qui a été faite sur des jeunes femmes qui éprouvaient une forme de mal être. 40 personnes interrogées. Sur 12 critères, 11 des points montrent qu'Instragram selon elles, améliore la vie sociale, a un impact positif", s'est défendu le patron de Facebook France, Laurent Solly, interrogé lundi 18 octobre sur franceinfo.

Alors que l'ancienne salariée du groupe, Frances Haugen affirme que Facebook a connaissance via des études internes de la nocivité d'Instagram pour les adolescents, Laurent Solly conteste l'interprétation de ces documents qu'il a appelé à rendre publics. Si l'un d'entre eux tend à confirmer ses propos, l'autre est beaucoup moins flatteur pour l'entreprise.

Des documents internes plus inquiétants que ce que prétend Facebook

L'un des deux documents en question analyse notamment l'impact d'Instagram sur des gens qui, comme le relève Laurent Solly, "ne vont pas très bien". Un graphique montre bien qu'Instagram a plutôt permis de les faire se sentir mieux, sauf dans un cas : chez les adolescentes qui étaient justement mal en raison de l'image de leur corps. Dans ce cas là, pour une ado sur 3 Instagram a aggravé le problème.
Sauf que, l'échantillon étudié est très petit, seulement 150 adolescentes réparties dans six pays ont répondu à cette question précise. 

Facebook (FACEBOOK)

Dans l'autre document, la présentation est moins flatteuse. On trouve notamment un graphique plus inquiétant sur le rôle d'Instagram dans les sentiments négatifs éprouvés par les personnes interrogées...
En Angleterre par exemple, sur 21% d'ados qui ont pensé à se faire du mal, voir à se suicider, 22% disent que c'est arrivé à cause d'Instragram.

Facebook (FACEBOOK)

Des citations de personnes interrogées sont également mises en exergues et ne vont pas dans le sens de l'entreprise. Une adolescente par exemple explique que si sa génération est si anxieuse et déprimée c'est notamment à cause de cette impression venue des réseaux sociaux de "devoir être parfait".

Facebook considère sa propre étude comme peu fiable

Facebook pour le coup appelle à relativiser cette étude en mettant en avant des questions de méthodologie et en sous-entendant que ces données sont finalement peu fiables. Facebook apporte notamment de longues anotations à ces documents pour finir par dire qu'ils ne permettent pas d'établir les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale. Beaucoup de contorsions, et de communication, pour tenter d'atténuer quelques données un peu moins roses comme ce tableau qui récapitule les différents dommages qu'Instagram peut causer : anxiété, insécurité, isolement, dépression.

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