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C'est comment ailleurs ? Les prêts pyramidaux en Albanie

Alors que les prêts pyramidaux sont au centre de l’escroquerie du "Madoff breton" jugé à Rennes, franceinfo s’intéresse aux prêts pyramidaux qui ont ruiné l'Albanie

Article rédigé par franceinfo, Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des Albanais armés en 1997 lors des émeutes et l'effondrement des prêts pyramidaux (ERIC CABANIS / AFP)

Cette affaire de prêts pyramidaux en Albanie s'est déroulée il y a 20 ans. A l'époque, cette escroquerie à grande échelle a fait sombrer le pays dans le chaos.

Albanie communiste

Il faut savoir que l'Albanie est un pays pauvre, isolé, longtemps fermé au sein des Balkans. Pendant 45 ans, c'était la "Corée du Nord de l'Europe" avec un régime communiste particulièrement dur, qui s’effondre finalement au début des années 90.

Post communisme

L'Albanie passe alors rapidement d'un système de planification centrale à l'économie de marché. Mais les Albanais ne connaissent pas les pratiques des marchés et, parallèlement, le système financier du pays est embryonnaire avec très peu de banques privées. Avec ce genre de handicap, l'économie de l'Albanie ne parvient pas à se développer. 

Les prêts pyramidaux

C’est à ce moment-là que naissent les prêts pyramidaux, également appelés système de Ponzi. Des sociétés proposent aux épargnants de placer leur argent chez elles en promettant des super rendements. Sauf que les intérêts que versent ces sociétés sont financés par les nouveaux épargnants qui entrent dans le système.

Au milieu des années 90, en Albanie, la concurrence entre ces sociétés était féroce. Au départ, elles promettaient des rendements de 6% par mois (soit presque 100% par an). Mais, d'autres ont surenchéri avec 8% par mois, puis 12%, 19% et  jusqu'à du 30% par mois. 

Folie spéculative

Les Albanais sont victimes du virus financier. Ils vendent leurs logements et leur bétail pour tout placer dans ces fonds pyramidaux. Les deux tiers de la population investissent. Cela  représentait alors la moitié du PIB du pays. Le gouvernement, qui n'avait rien fait, commence finalement à s'alarmer. Une   première société financière s'effondre.

Le chaos

Les investisseurs doutent et veulent retirer leur argent, mais les sociétés pyramidales ne peuvent pas les satisfaire. Elles font faillite les unes après les autres.

Des émeutes éclatent. L'armée et la police désertent en masse. La population se rue dans les arsenaux et pille un million d'armes. 2.000 personnes sont tuées. Le gouvernement perd le contrôle du pays et son pouvoir se limite aux alentours de la capitale Tirana. Des usines arrêtent de tourner, tout comme le commerce.

Intervention internationale

Le FMI et de la Banque mondiale interviennent et l'économie s'en remettra, mais les conséquences civiles et sociales seront durables. Des milliers d'Albanais ont été ruinés par leurs pertes et par l'inflation qui atteint les 40% en 1997. Et puis, la prolifération d'un million d'armes dans le pays a largement profité aux mafias locales et au crime organisé.

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