Adolescents et réseaux sociaux
De nombreux parents redoutent particulièrement l’effet que peuvent avoir les réseaux sociaux sur leurs enfants, des enfants très éprouvés psychologiquement par la période, qui ont tendance à s’isoler, et à se replier sur eux-mêmes. Comment les aider ?
Beaucoup de parents s’inquiètent aujourd’hui pour leurs enfants adolescents dont certains, très éprouvés psychologiquement par la période, ont tendance à s’isoler, et à se replier sur eux-mêmes. Et ils redoutent particulièrement l’effet que peuvent avoir sur eux, dans un tel moment, les réseaux sociaux. Le décryptage de la psychanalyste Claude Halmos.
franceinfo : Nous aimerions revenir avec vous sur les dangers liés aux réseaux sociaux, et sur la façon dont on peut aider ces jeunes à s’en protéger ?
Claude Halmos : Les réseaux sociaux sont pour les adolescents des lieux de socialisation très importants. Mais ils présentent aussi pour eux, des dangers ; à cause de ce qu’ils peuvent y faire et y trouver, mais surtout en cas d’utilisation excessive, dans des moments de fragilité.
Parce qu’ils peuvent alors aggraver les difficultés qu’ils ont avec la vie réelle. Sur les réseaux, par exemple, les relations sont faciles mais en grande partie illusoires : "ami" n’a pas le même sens, là, que dans la vie réelle. Et leur facilité peut accroître la peur des vraies rencontres, qui supposent, elles, un travail de construction.
Les réseaux peuvent aussi porter atteinte à l’image que les adolescents ont d’eux-mêmes, car ils majorent l’importance du regard des autres. Cela peut les conduire à des comparaisons dévalorisantes ou, s’ils retouchent trop les photos d’eux qu’ils postent, à un sentiment d’imposture qui va, lui aussi, les dévaloriser. Et puis les réseaux peuvent avoir une influence sur la construction de leur personnalité, et de leur intelligence.
De quelle façon ?
Les adolescents ont besoin, pour se construire, de rejeter l’influence de leurs parents ; et de s’appuyer sur des alter egos de leur âge, dans des groupes, notamment. Avec toujours le risque de perdre, dans ces groupes, leur singularité. Or, sur les réseaux, ce risque est aggravé.
Parce que c’est l’apparence qui y est avant tout, valorisée, et qu’elle est de plus décidée par d’autres (on "suit" les influenceurs) ; et que le phénomène est amplifié par le nombre.
Et ils peuvent aussi perturber le développement de leur intelligence. Sur les réseaux, on peut convaincre sans preuves, parce que le nombre d’adhésions fait loi. Et l’immédiateté n’encourage pas à réfléchir, et à construire une pensée. Ce qui peut d’ailleurs favoriser la crédulité.
Comment les aider ?
Il ne s’agit pas d’interdire aux adolescents les réseaux (ce serait pour eux d’une violence incompréhensible) mais de poser un cadre à leur utilisation, pour qu’ils ne les substituent pas à la vie réelle, et de les accompagner. En discutant avec eux du contenu des réseaux, des débats qu’ils suscitent, de leur fonctionnement ; et du risque d’isolement qu’ils présentent, pour les adultes comme pour eux.
Et en leur expliquant surtout que l’on peut toujours, quels que soient son âge et son intelligence, s’y faire manipuler. De façon à maintenir un dialogue qui leur assure un ancrage dans la réalité, et leur rende moins difficile, en cas de problème, de parler, pour demander de l’aide.
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