Cet article date de plus de sept ans.

C'est dans ma tête. Aider les sans-abris

L’hiver et le froid sont revenus et, avec eux, la question de ces hommes et de ces femmes, sans abri, qui doivent dormir dans la rue. On parle beaucoup de leurs problèmes matériels mais très rarement de ce que cette situation représente pour eux, sur le plan psychologique. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les sans-abri ne souffrent pas seulement du froid, mais de la vie dans la rue. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Un silence inhumain

Il faut revenir sur ce silence autour des sans-abris car c’est un silence très révélateur. Parce que nous vivons à une époque où l’on parle, partout et tout le temps, des problèmes de tout le monde mais jamais de ceux des SDF. Comme si le psychisme était un luxe auquel les SDF n’ont pas droit.

Pourquoi n’en parle-t-on pas ?

Parce que parler de leurs problèmes psychologiques obligerait la société à regarder en face ce qu’elle leur fait vivre, qui est, au sens propre, inhumain. C’est à dire incompatible avec la vie humaine.
Un être humain en effet a besoin, pour que son corps vive, d’un certain nombre d’éléments. Si on l’en prive, il tombe malade ou il meurt.
Mais pour qu’il puisse vivre psychologiquement, il a besoin aussi d’un certain nombre d’éléments. Et, s’il ne les a pas, il meurt ou il devient fou, ce qui est fréquent dans la rue.

Pourquoi ces gens deviennent-ils fous ?

Parce que le psychisme humain n’est pas équipé pour supporter, quand elles sont permanentes et qu’elles durent, des situations aussi extrêmes. Or, les SDF doivent supporter un dénuement matériel extrême.
Ils ont froid et faim. Mais, en plus, ils sont privés, dans tous les domaines, du droit au désir et au plaisir. Et ils doivent de surcroît vivre dans une insécurité permanente. Puisqu’on peut, à tout moment, leur prendre le peu qu’ils ont et même la vie.

Ils sont de plus dans la dépendance totale de ceux auxquels ils tendent la main. Et ils sont en permanence, même pour le plus intime de leur vie (faire leurs besoins par exemple), exposés à leurs regards.
Et enfin ils sont exclus socialement. Ils sont dehors, hors du temps des autres et ils attendent. Et ils attendent en sachant qu’ils n’ont rien à attendre. Ce n’est pas vivable.

C’est pour cela que beaucoup boivent ?

Bien sûr. Ça leur permet de fuir. Mais l’alcool aggrave les choses parce qu’il les transforme en objets de dégout et de rejet. Et ils se retrouvent traités comme des coupables alors qu’ils sont des victimes.

Quand on est un simple citoyen, que faire pour les aider ?

On peut faire, je crois trois choses :
Aider les associations qui les aident.
Interpeller les politiques à leur sujet : en période électorale, c’est important.
– Et puis on peut, pour les aider, eux, directement, leur donner un peu d’argent, si l’on en a, mais surtout un peu d’humanité. Etre regardé comme un être humain, avoir droit à une parole et à un sourire : quand on est dans la rue, cela permet de penser que l’on est encore quelqu’un. Et ça aide à tenir.

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