C'est dans ma tête. Dédoubler des classes : "Une mesure très importante"
L’éducation nationale a pour projet de dédoubler, à la rentrée prochaine, les classes de CP-CE1, dans les zones d’éducation prioritaire.
L’éducation nationale a pour projet de dédoubler, à la rentrée prochaine, les classes de CP-CE1, dans les zones d’éducation prioritaire. La psychanalyste Claude Halmos revient aujourd'hui sur l'importance de cette mesure.
Individualiser les prises en charge des enfants
Je pense que c'est une mesure très importante. Elle est importante parce que, quand on travaille avec des élèves en échec scolaire, on se rend compte que tous les enfants ont la capacité d’apprendre à lire et à écrire. Mais qu’ils ne peuvent utiliser cette capacité qu’à deux conditions : à condition qu’un certain nombre de choses aient été réglées dans leurs vies. Et à condition que l’on trouve, pour chacun d’entre eux, la méthode la plus adaptée : tous les enfants ne peuvent pas apprendre de la même façon. Donc réduire les effectifs des classes permet de cerner plus précisément la problématique de chaque enfant, et d’individualiser les prises en charge.
Que faut-il régler dans la vie d’un enfant pour qu’il puisse apprendre ?
Apprendre à lire et à écrire représente, pour un enfant, un très gros travail et il a besoin, pour l’accomplir, d’être en pleine possession de lui-même.
Or, pour être en pleine possession de lui-même, un enfant doit d’abord être complètement autonome pour tous les actes du quotidien : se laver, s’habiller…etc. Un enfant qui ne sait pas qu’il peut compter sur ses mains ne saura pas non plus qu’il peut compter sur sa tête, et ne la fera pas marcher comme il le devrait.
Et puis, pour être en pleine possession de lui-même, un enfant doit savoir aussi qui il est, d’où il vient et où il va. Ce qu’il ne peut comprendre que si on lui a donné des informations sur la sexualité, la conception des enfants...
Et enfin, pour apprendre à lire et à écrire, un enfant a besoin d’avoir une éducation dans laquelle il y ait des limites. Parce que la lecture, l’écriture, l’orthographe, sont structurées par des règles qu’il doit pouvoir accepter et respecter. Donc, quand un enfant n’apprend pas, il faudrait toujours, avant de penser qu’il a un problème, explorer tout cela. Et cela n’est possible qu’avec de petits effectifs.
Ces classes à petits effectifs peuvent-elles être utiles aussi sur d’autres plans que les acquisitions ?
Bien sûr. Parce que l’école est le lieu où les enfants font – ou en tout cas devraient faire – l’apprentissage de la vie sociale et de ses règles. Et c’est particulièrement important dans les zones d’éducation prioritaire. Parce que les enfants, dans ces zones, viennent souvent de familles pour lesquelles les difficultés économiques, sociales, les difficultés d’intégration s’ajoutent aux problèmes personnels des parents. Et de ce fait beaucoup de ces enfants souffrent de carences éducatives.
Or l’école est un lieu où l’on peut apprendre les règles de la vie et de façon générale, les lois, leurs sens et leur utilité. Et elle est d’ailleurs, à ce titre, un lieu majeur pour la prévention. Et, là encore, il est plus facile de repérer les difficultés des enfants dans des classes à petits effectifs. Et plus facile aussi de les y aider en leur apprenant ce qu’ils n’ont pas pu, à ce niveau, apprendre dans leurs familles.
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