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C'est dans ma tête. Sexualité : Peut-on parler de "consentement" entre un adulte et un adolescent ?

Le livre de Vanessa Springora, "Le consentement", a été pour beaucoup de gens, l’occasion d’une prise de conscience. Elle y raconte, comment l'écrivain Gabriel Mazneff a fait d’elle, alors qu’elle n’avait que 14 ans, sa maîtresse. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
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Publié Mis à jour
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Le livre de Vanessa Springora "Le Consentement", paru le 2 janvier 2020. (MARTIN BUREAU / AFP)

Dans son livre, Le consentement, qui a fait grand bruit, Vanessa Springora raconte comment l'écrivain Gabriel Mazneff, qui revendique son attirance pour de très jeunes gens, a fait d’elle sa maîtresse, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Et comment il a toujours soutenu qu’elle était, comme toutes les adolescentes qu’il a séduites, "consentante". La psychanalyste Claude Halmos décrypte cette notion du "consentement" en matière de sexualité entre un adulte et un adolescent. 

franceinfo : Peut-on parler de consentement, quand une adolescente de 14 ans accepte une relation avec un homme mûr ?     

Claude Halmos : Parler de consentement entre deux personnes suppose deux choses : qu’elles soient de force égale, pour qu’il n’y ait pas de contrainte. Et que l’objet de la transaction soit aussi clair pour l’une, que pour l’autre, pour que le consentement soit donné en toute connaissance de cause. À partir de là, l’acceptation, par une adolescente de 14 ans, d’une relation avec un homme de 50 ans, ne peut pas être qualifiée de consentement.            

Pourquoi une telle relation ne peut-elle pas être qualifiée de consentement ? 

Parce que les deux partenaires ne sont pas à égalité. Et parce qu’il y a tromperie sur l’objet de la transaction. Dans une situation amoureuse "normale" (entre deux adolescents, ou deux adultes) il y a déjà une inégalité, inévitable. Parce qu’un être humain - dont la capacité d’amour se partage, le reste du temps, de façon à peu près égale, entre lui et les autres (il peut s’aimer autant qu’il les aime) - se met toujours, quand il est amoureux, en déséquilibre.

Car il surinvestit l’objet de son amour, et se sent alors, face à lui, "un ver de terre amoureux d’une étoile", comme le dit le poète. Or, entre un adolescent et un adulte d’âge mûr, ce déséquilibre, inhérent à la relation amoureuse, est multiplié par mille.        

Pour quelles raisons ? 

Parce qu’un adolescent est à un âge où il a un besoin - vital - que des adultes l’aident à se construire. Et une demande si forte que, s’il a des parents défaillants, et qu’un autre adulte s’intéresse à lui, il pense toujours que cet adulte va lui apporter, enfin, ce qu’il attend.

Une adolescente va donc pouvoir, sans en être aucunement consciente, mettre l’homme qui la séduit, en position, par exemple, de remplacer son père absent. Mais aussi bien, s’imaginer que cet homme, qui lui fait occuper la place d’une femme adulte, fait pour elle ce que sa mère, qui ne l’aide pas à devenir une femme, ne fait pas. Cela donne à l’adulte séducteur, un pouvoir énorme. L’adolescente n’est donc en rien son égale. Elle est une proie, prise au piège.  

Vous disiez qu'il y avait aussi "tromperie sur la transaction"      

Oui. Et les écrits de Gabriel Mazneff le montrent clairement. Puisqu’ils racontent à la fois la comédie de l’amour fou, qu’il joue aux adolescentes qu’il manipule. Et l’envers du décor, qui est parfaitement sordide. Puisqu’il s’agit pour lui de s’en servir, comme il se sert des enfants qu’il peut acheter, dans les pays où la misère les oblige à devenir des objets de consommation sexuelle.

Ce sont des choses qu’une adolescente, aussi intelligente soit-elle, ne peut pas imaginer. La relation n’est donc qu’un marché de dupes. Et dans un marché de dupes, il n’y a pas de consentement possible.      

Rappelons que, dans cette affaire Gabriel Mazneff, le parquet de Paris a ouvert début janvier une enquête pour viols sur mineur de moins de 15 ans.  

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