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C'est dans ma tête. Une messe pour les victimes de pédophilie.

L’église a décidé qu’une messe serait dite, le 7 novembre, pour demander le pardon des actes de pédophilie commis par des prêtres. Est-ce que vous pensez, Claude Halmos, que cette cérémonie peut aider les victimes de ces actes de pédophilie ?

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manifestation devant le Vatican de victimes de prêtres pédophiles, le 29 octobre 2011. (GETTY IMAGES)

Tout ce qui va dans le sens d’une reconnaissance de ce qu’elles ont subi peut aider les victimes.

 Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

L’enfant qui est victime d’un pédophile est, quels que soient les actes qu’on lui fait subir, violé.  Et violé à la fois dans son corps et dans ses émotions. Et, en plus, en le violant, on lui vole sa dignité et le sentiment de sa valeur. Parce que son agresseur l’utilise comme un objet (et l’enfant -au moins inconsciemment- le sait), un objet qui pourrait être interchangeable : il n’est, pour le prédateur, qu’une proie anonyme. Donc, la reconnaissance de ce qu’il a subi et le fait que l’on ait recours à une cérémonie ne peut que le restaurer dans sa dignité. Mais cela ne suffit pas, évidemment.

Pourquoi une cérémonie ne suffit pas ?

Parce que le fait que l’Eglise décide aujourd’hui de dire une messe n’effacera jamais le fait qu’elle ait pu, dans certaines affaires, couvrir des actes de pédophilie, en protégeant leurs auteurs. Et, de ce fait, laissé à leur désespoir et à leur solitude les enfants victimes, tout en permettant à leurs agresseurs de continuer à agresser.

Une cérémonie peut donc être une façon de demander pardon à ces victimes tout en signifiant pour l’avenir, aux agresseurs potentiels, qu’ils n’auront plus désormais les mains libres.  Mais penser que cela pourrait guérir les blessures des victimes c’est méconnaître la gravité de ce qu’elles ont subi.

 On ne reconnaît pas la souffrance des victimes ?

On la sous-estime parce qu’on ne veut pas la voir.  Un pédophile ne vole pas seulement à un enfant, son enfance ou à un adolescent, son adolescence.

 Il assassine une partie de leur être et il leur vole une grande partie de leur vie d’adulte. Il faut souvent une vie entière aux victimes pour se remettre d’agressions de ce type. Et quand on sait que les agresseurs sont des pervers qui agissent en toute connaissance de cause, on n’a évidemment aucune envie de leur accorder le moindre pardon.

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