Bien démarrer l’année en arrêtant de fumer
En ces temps de nouvelles résolutions à l'occasion de la nouvelle année, Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin nous parle aujourd’hui de l’arrêt du tabac et plus particulièrement d’une molécule antitabac, la cytisine.
franceinfo : Cette molécule peu coûteuse est indisponible en France ?
Martin Ducret : Oui, j’ai lu une étude publiée dans la revue Addiction, qui parle de la cytisine – une molécule qui m’était totalement inconnue – que l’on retrouve dans les graines d’un arbre aux belles fleurs jaunes, le cytise à grappes.
Attention ! Consommer cette fleur directement peut être mortel, mais par contre la molécule, seule, a une action proche de la nicotine, puisqu’elle vient se fixer sur les mêmes récepteurs. C’est pourquoi, elle a d’abord été utilisée comme substitut de la cigarette durant la Seconde Guerre mondiale – les Russes l’appelaient le "faux-tabac" – et ensuite, comme médicament pour le sevrage tabagique. C’est le cas en Europe de l’Ouest, depuis des décennies, au Canada depuis 2017, mais pas aux Etats-Unis, ni dans de nombreux pays européens, comme la France.
Cette absence de commercialisation de la cytisine dans ces pays paraît étonnante, alors que l’étude que vous avez lue montre que cette molécule est efficace pour arrêter de fumer ?
Oui effectivement, cette publication qui est une méta-analyse – c'est-à-dire une compilation des études les plus sérieuses sur la cytisine parmi des centaines – montre que cette molécule, peu coûteuse et aux très faibles effets secondaires, multiplie par plus de deux l’arrêt du tabac, par rapport à un placebo.
La cytisine serait également un peu plus efficace que les substituts nicotiniques, c’est-à-dire les patchs, pastilles, gommes, spray et inhalateurs contenant de la nicotine. Et elle aurait une efficacité comparable à la varénicline, un médicament au mode d’action très proche, vendu en France sous le nom de Champix, mais actuellement indisponible pour cause de pénurie.
Mais alors pourquoi la cytisine n’est-elle pas commercialisée en France ?
Pour des raisons financières, semble-t-il. La molécule, peu rentable, n'intéresse pas les industries pharmaceutiques dans notre pays. Pourtant, pour le professeur Michel Lejoyeux, chef de service de psychiatrie et d’addictologie à l'hôpital Bichat à Paris, et à l'hôpital Beaujon à Clichy, "la cytisine, si elle était commercialisée un jour dans l’Hexagone, serait un outil intéressant dans l’arsenal thérapeutique du sevrage tabagique.
Mais attention, pas en première intention. La combinaison la plus efficace, à ce jour, pour stopper le tabac, m’a précisé le Professeur Lejoyeux, associe les substituts nicotiniques à la thérapie cognitivo-comportementale et motivationnelle", une thérapie sous forme d’échanges, entre patient et médecin, pour identifier les moments déclencheurs de l'envie de fumer, tordre le cou aux croyances liées au tabac, et faire perdurer l’envie d’arrêter de fumer.
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