L’activité physique chez les enfants : une urgence de santé publique

La promotion de l'activité physique et sportive était la Grande Cause Nationale du gouvernement en 2024, en particulier chez les enfants. Pourtant ce dernier a récemment rétropédalé.
Article rédigé par franceinfo - Martin Ducret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les enfants et les adolescents bougent de moins en moins, et sont de plus en plus sédentaires. (Illustration) (IMGORTHAND / E+ / GETTY IMAGES)

Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin revient sur le changement de cap du gouvernement concernant sa promesse Grande Cause Nationale en 2024 pour la promotion de l'activité physique et sportive, notamment chez les enfants. Pourtant ce dernier a récemment reculé sur les deux heures supplémentaires de sport au collège, jugées trop complexes à mettre en place.

franceinfo : Une décision surprenante, alors que la pratique de l’activité physique des enfants est en chute libre ?

Martin Ducret : Oui, les enfants et les adolescents bougent de moins en moins, et sont de plus en plus sédentaires. En particulier les jeunes filles, les enfants issus de milieux défavorisés et les enfants porteurs d’un handicap. Et voici quelques chiffres, assez inquiétants, du récent rapport de l’Académie nationale de médecine, qui tire la sonnette d’alarme sur ce sujet.

Seulement la moitié des garçons et un tiers des filles atteignent les recommandations d’une heure d’activité physique quotidienne. Du coup, les capacités physiques des jeunes diminuent fortement. Par exemple, en l’espace de 30 ans, on constate une baisse de performance de 11 cm, lors de sauts en longueur sans élan. En revanche, le temps passé devant les écrans est en forte hausse, avec une moyenne de 3 à 4 heures par jour, par enfant.

Et l’inactivité physique et la sédentarité ont des conséquences directes sur notre santé ? 

Absolument, l’inactivité physique – qui est une activité physique inférieure à 60 minutes par jour chez les enfants – et la sédentarité, qui est le temps passé assis ou allongé de manière prolongée, devant un écran par exemple, augmentent le risque de surpoids, d’obésité, de maladies cardiovasculaires, altèrent la santé mentale et diminuent aussi les performances scolaires. Les enfants, qui sont des adultes en devenir, doivent donc être les premiers à être prémunis contre ces risques.

Quelles sont les mesures à promouvoir pour faire bouger davantage les jeunes ?

"Il faut tout d’abord pérenniser les mesures déjà mises en place, m’a indiqué le Pr Xavier Bigard, professeur en physiologie et auteur du rapport de l'Académie nationale de médecine. Comme les 30 minutes d'activité physique quotidienne à l’école primaire, en plus de l’EPS et la généralisation du Pass’Sport, une aide de 50 euros pour s’inscrire en club ou salle de sport. Ensuite, il faudrait augmenter à 4h les cours d’EPS au collège et au lycée, mais ça ne semble plus être une priorité du gouvernement", déplore le Pr Bigard.

Important également : la sensibilisation des enseignants à l’activité physique pour la santé et la réussite scolaire. Par exemple, réduire le temps passé en position assise pendant les cours avec des pauses régulières.

Par ailleurs, le rôle des parents est primordial pour inciter les enfants à être plus actifs, en étant eux-mêmes actifs et en les poussant à se déplacer à vélo ou à pied, pour aller à l’école si c’est possible. Enfin, les activités physiques proposées à l'école doivent absolument être inclusives et ludiques, pour que tous les enfants, en particulier les filles et les enfants en situation de handicap, puissent les pratiquer et prendre du plaisir.

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