Protéger nos oreilles de la surcompression du son

Les dangers liés à la surcompression du son : un système ingénieux qui peut-être dangereux pour la santé auditive lors d’une exposition prolongée. La semaine du son de l’UNESCO se tient du lundi 15 au 28 janvier, à Paris et en régions.
Article rédigé par franceinfo - Martin Ducret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La compression excessive du son aurait un impact non négligeable sur la santé auditive. (Illustration) (BARISONAL / E+ / GETTY IMAGES)

Si la musique adoucit les mœurs et procure du plaisir, elle peut aussi faire des dégâts aux oreilles et au cerveau, et pas seulement à cause d’un volume trop important. La compression excessive du son aurait également un impact non négligeable sur la santé auditive. Décryptage avec Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin.

franceinfo : Tout d'abord, expliquez-nous ce qu'est la compression du son ? 

Martin Ducret : Pour bien comprendre j’ai demandé à Christian Hugonnet, acousticien et président de la semaine du son de l’UNESCO, un événement pour sensibiliser le grand public à qualité de notre environnement sonore, qui débute demain et jusqu’au 28 janvier, à Paris et dans une quarantaine de villes françaises. Il m’a expliqué que quand on parle de compression du son, on parle de compression dynamique du son, c’est-à-dire le fait de diminuer l'écart de niveaux entre les sons à forts décibels, et les sons à faibles décibels. À ne pas confondre avec la compression de la taille d’un fichier sonore, qui permet de réduire son poids. 

La compression dynamique permet – quand on écoute un concert, la radio, la télé ou une plateforme musicale – d’avoir un son plus homogène, plus linéaire, pour ne pas en prendre plein les oreilles quand le son est très fort, ou de ne rien entendre quand il est très faible. Ce système ingénieux, omniprésent, permet une écoute adaptée à différents supports, sans passer son temps à régler le volume.

Mais attention, quand la compression est poussée à l’extrême, ce qu’on appelle la surcompression, ça peut-être dangereux pour la santé auditive lors d’une exposition prolongée. 

C’est ce que montrent de récents travaux sur le sujet ? 

Oui exactement, l’équipe du professeur Paul Avan, physiologiste à l’Institut de l’Audition à Paris, a comparé chez des cochons d’inde – des animaux très proches de nous sur le plan auditif – les effets de l’écoute pendant plus de 4h, d’une musique surcompressée par rapport à une musique sans compression.

Résultats: la musique surcompressée a causé des effets néfastes, non pas sur l’oreille interne, mais une fatigue auditive sur les neurones de l’audition. Le Pr Paul Avan m’a expliqué que "la surcompression vient en quelque sorte asphyxier notre système auditif, en supprimant les microsilences, ces petits moments de pauses auditives, indispensables pour faire respirer nos oreilles." Dans une autre étude, le professeur a également montré que d’autres paramètres, en plus de la surcompression, peuvent être nocifs, comme la généralisation des basses fréquences. 

Quelles perspectives offrent ces travaux ? 

Grâce à ses résultats, chercheurs et acousticiens, lors de la semaine du son de l’UNESCO qui débute demain lundi 15 janvier, vont proposer un label de qualité sonore, une sorte de nutriscore pour le son, qui sera par exemple apposé sur les albums ou sur les plateformes musicales. 

 

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