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Soins non conventionnels : des dérives inquiétantes

Naturopathie, réflexologie, Reiki, thérapie "quantique", "biorésonance", "géobiologie", magnétisme... Une nouvelle enquête de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dévoile des résultats "alarmants". Sur 381 établissements contrôlés, 261 ont été rappelés à l’ordre. 

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La pratique du Reiki. (Illustration)  (PAULA DÍAZ / EFE / NEWSCOM / MAXPPP)

Deux ans après le début de la crise sanitaire, une enquête officielle alerte sur un risque aggravé par cette période éprouvante. Le risque de croire les promesses – parfois dangereuses – des soins dits "non conventionnels". Comme le recours aux flux d’énergie ou l’hydrothérapie du colon par exemple. Décryptage avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Vous avez lu cette enquête inquiétante sur des dérives qui vont parfois jusqu’à l’exercice illégal de la médecine ?

Géraldine Zamansky : Oui, cette enquête a été réalisée par la DGCCRF, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Déjà, en 2018, elle avait constaté d’importantes anomalies en contrôlant des acteurs de la filière des "soins non conventionnels".

Alors elle a recommencé, elle a retrouvé des problèmes dans 66% des lieux inspectés. Ses équipes ont parfois dû signaler, vous l’avez dit, des situations d’exercice illégal de la médecine. C’est-à-dire des personnes qui affirment être capables de faire le diagnostic d’une maladie, et de la traiter, sans avoir les diplômes universitaires exigés par la loi française.

Le risque est majeur quand ces personnes demandent à leurs clients de ne plus voir leur médecin ?

Exactement. C’est le danger sur lequel alerte particulièrement la DGCCRF. Ses inspecteurs ont ainsi découvert un professionnel qui proposait, je cite, de "libérer" ses clients, y compris à distance, en cas de diarrhées, de douleurs au niveau du cœur ou de problèmes de respiration.

On devine les risques si ces symptômes traduisent des maladies graves et que le recours à un médecin est écarté. Une menace bien réelle. Vous avez peut-être entendu parler du procès d’un naturopathe, condamné cet automne à ne plus exercer, et à deux ans de prison avec sursis. Des familles avaient porté plainte après le décès de leur proche atteint de cancer, et que cet homme avait détourné des hôpitaux.

Et il y a d’autres types de risques ?

Oui par exemple, une des pratiques en vogue est l’hydrothérapie du colon. Ceux qui ont traduit se diront peut-être, bon, un lavement, ce n’est pas méchant. En fait, si l’eau est injectée avec une pression excessive, la paroi du colon peut être percée...

Parmi les autres tendances observée par les enquêteurs : la multiplication des guérisseurs Reiki et des pratiques revendiquant une action sur les flux d’énergie. Là aussi, on pourrait penser : cela ne peut pas faire de mal, si cela active l’effet placebo sans exclure les soins classiques.

Mais comme le souligne le rapport, les potentiels clients sont souvent, je cite, "en situation de grande vulnérabilité", surtout après deux ans de crise sanitaire. Ils risquent alors de tomber sur des prédateurs. Plusieurs sectes* se développent dans ce secteur pour attirer leurs victimes. Il faut vraiment être vigilant.

* La Miviludes, la mission de lutte contre les sectes, alerte régulièrement sur ces risques. 

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