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Des milliers d'emplois à pourvoir dans l'aéronautique

Les professionnels du secteur commencent à avoir du mal à recruter.
 

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le secteur de l'aéronautique prévoit de recruter 15 000 personnes en 2019. (  / XINHUA)

Le salon du Bourget se tient jusqu'au dimanche 23 juin. Un espace y est prévu pour attirer les jeunes vers les métiers de l'aéronautique, qui créent beaucoup d'emplois, mais qui commencent à avoir du mal à recruter. Et c'est un paradoxe. Parce que lorsqu'on demande aux Français dans quel secteur ils rêvent de travailler, ils répondent sans faillir : dans l'aéronautique. C'est en tout cas ce qui ressort d'un baromètre mené depuis dix ans par Randstad.

Malgré ça, les professionnels du secteur, réunis au Bourget, s'inquiètent. Sur les 200 dirigeants du secteur, 89% déclarent que leurs besoins de recrutement (ils parlent ici uniquement des recrutements d'ingénieurs) sont "importants", voire "très importants" pour un quart d'entre eux.

15 000 recrutements prévus

La faute à deux facteurs qui se conjuguent. D'abord le "papy boom", avec toute une génération qui part à la retraite. Ensuite, les carnets de commande, qui sont pleins pour dix ans. L'an dernier, il y a eu 4 000 créations nettes d'emploi dans l'aéronautique. Le secteur a embauché, en tout, 15 000 personnes. Cette année, la tendance est la même : 15 000 recrutements prévus. Le nombre d'emplois augmente de 2% par an.

L'aéronautique recrute beaucoup d'ingénieurs. Les ingénieurs et les cadres représentent d'ailleurs près de la moitié de la main d'oeuvre du secteur. Et on commence à avoir du mal à en trouver. Surtout dans les régions, et surtout dans les PME. Et ce, d'autant qu'un nouveau phénomène change la donne : de nombreux diplômés des écoles d'ingénieurs françaises partent travailler à l'étranger. Les entreprises américaines, en particulier, viendraient chasser sur nos terres. Les écoles ouvrent davantage leurs portes, mais pas sûr que cela suffise.

Alors les entreprises misent beaucoup sur l'alternance, parce qu'il faut beaucoup de niveau bac+2. Le Gifas, le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, cherche 7 300 jeunes en alternance. C'est 50% de plus que l'an dernier. L'objectif est d'arriver à 10 000 alternants en 2022.

Des recruteurs sur les stands du Bourget

Témoin de cette crise des recrutements : au Bourget, 3 000 mètres carrés du salon sont consacrés à "l'avion des métiers", pour présenter aux jeunes et à leurs familles tous les débouchés de l'aéronautique. Pour la première fois, il y aura des recruteurs directement sur les stands.

On commence à craindre que les difficultés de recrutement n'entravent la croissance. Déjà, des PME en régions n'honorent pas leurs commandes parce qu'il leur manque du personnel. Les grands groupes sont eux aussi touchés. C'est l'industrie dans sa globalité qui souffre d'une mauvaise image auprès des jeunes. Et les professionnels craignent que le "flygskam", la honte de prendre l'avion, une tendance venue de Suède et qui gagne du terrain, ne vienne encore compliquer les choses.

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