L'entrée dans le monde du travail inquiète une majorité d'étudiants

Les étudiants ne voient pas la vie en rose quand on les interroge sur le monde du travail. Ils se projettent dans un environnement dur, stressant et compétitif, mais sans le rejeter pour autant.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
À l'approche de leur premier emploi, les jeunes sont souvent mal informés sur la réalité du monde du travail. (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Des sentiments ambivalents avant le grand saut dans l'inconnu. C'est ce qui ressort d'une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) qui a sondé en début d'année 600 étudiants en troisième année post-bac.

Ces jeunes, qui ont parfois effleuré le monde du travail au travers de stages ou d'alternance, ont une vision assez austère et anxiogène de ce qui les attend. Ils sont une majorité à qualifier l'univers professionnel de "impitoyable, injuste, procédural et stressant", mais aussi de "compétitif, sérieux ou exigeant". Bref, un monde sans grande liberté, pas très fun où les individus s'effacent derrière les hiérarchies, les règles et les process.

Inquiétudes sur les conditions de travail et la qualité de vie

Quand ils se projettent dans leur premier poste, les étudiants craignent d'être mal payés alors qu'une majorité souhaite travailler pour pouvoir s'émanciper financièrement. Ils expriment aussi leur appréhension d'être soumis à trop de pression, trop de travail, et d'avoir un mauvais équilibre de vie. Une appréhension qui ne surprend pas Isabelle Olry-Louis, professeur en psychologie de l'orientation à la faculté de Nanterre : "Cela fait plusieurs années que les jeunes expriment le besoin de préserver leur espace de vie, ils ont à cœur de s'épanouir. Cela les préoccupe plus peut-être que la génération précédente, même si ce besoin est largement exprimé aujourd'hui aussi par de nombreux actifs, quel que soit leur âge."

Dans certains cas, ces étudiants bac+3 ont pu aussi observer leurs parents travailler à la maison pendant la période Covid. "Cela a peut-être été un moment de confrontation assez direct avec la réalité du travail ?" s'interroge la chercheuse.

Un manque d’information

Malgré ces craintes, plus de 6 étudiants sur 10 perçoivent le monde professionnel comme un univers stimulant, innovant et coopératif. Tout particulièrement chez ceux qui ont déjà eu des expériences, en particulier via des contrats en alternance. L'étude souligne d'ailleurs que la moitié des jeunes sondés concèdent en avoir une vision partielle, voire partiale. 4 sur 10 affirment mal connaître le monde de l'entreprise, malgré les stages réalisés pendant leurs études.

"Il faudrait que les jeunes soient mieux informés avant ce grand saut dans l'inconnu, souligne Isabelle Olry-Louis. Pour les protéger des excès qu'ils pourraient rencontrer, pour leur permettre aussi de développer des représentations plus nuancées ou plus précises de la réalité du travail."

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