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Les femmes homosexuelles, particulièrement exposées aux discriminations au travail

Chez près d’une femme homosexuelle sur deux au travail, ces discriminations ont entraîné des pensées suicidaires.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une femme au dessus du drapeau LGBT+ à la Gay Pride, à Nantes (Loire-Atlantique). (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Elles veulent rester invisibles au travail pour fuir les discriminations. Selon l’association L’Autre Cercle, qui vient de se pencher sur le sort de femmes homosexuelles au travail, avec l’Ifop, elles veulent éviter le cumul des discriminations, femmes d’une part, et femmes homosexuelles de surcroît, afin d’éviter le sexisme du quotidien au boulot. Un sexisme bien présent, puisque selon l’étude présentée par l’association, 53% des femmes lesbiennes ou bisexuelles ont déjà subi une discrimination ou une agression au travail.

Des discriminations encore plus présentes dans certains secteurs. Ce pourcentage de femmes homosexuelles victimes de discriminations au travail augmente nettement dans les secteurs où les hommes sont plus largement présents, comme l’industrie, avec 57% de femmes homosexuelles victimes de discriminations, ou les transports, avec 58%. La situation est pire encore chez les femmes exerçant une activité isolée, comme les artisanes et les commerçantes, avec 60% de femmes discriminées, et les dirigeantes d’entreprises, avec un taux de discrimination qui grimpe à 68%. S’ajoutent à cela des facteurs sociaux : les femmes issues de catégories populaires sont plus souvent confrontées aux discriminations et aux agressions. Le taux le plus élevé se trouve chez les lesbiennes et bisexuelles racisées. 

La stratégie d’invisibilité est le plus souvent adoptée

Des discriminations qui ont de très lourdes conséquencees en effet puisque plus de quatre femmes homosexuelles ou bisexuelles sur dix déclarent avoir eu des idées suicidaires suite à des discriminations. Elles sont 34% à avoir quitté leur emploi pour les mêmes raisons. Leur stratégie : se cacher. Seul un tiers d’entre elles a fait son coming out vis à vis de leur hiérarchie. Les bisexuelles sont celles qui dissimulent le plus leur statut, avec les salariées les plus âgées et les femmes racisées. Cette stratégie d’invisibilité, expliquent les auteurs de cette étude, est motivée par la peur d’être "la lesbienne de service", d’être étiquetée en tant qu’homosexuelle plutôt qu’en tant que professionnelle.

Pourtant, elles aimeraient pouvoir en parler. La présence de collègues homosexuelles visibles ou encore la garantie d’un environnement favorable à l’expression de son homosexualité pourrait inciter près des deux tiers d’entre elles à sortir de l’ombre.

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