Les TPE et PME réticentes face aux intelligences artificielles génératives

Un faible pourcentage de petites et moyennes entreprises et de très petites entreprises envisagent d'utiliser l'intelligence artificielle générative dans leur entreprise ou leur activité.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le manque d'accompagnement et d'expertise n'incite pas vraiment les petites et moyennes entreprises à se lancer dans l'intégration de l'IA comme outil de travail dans leur activité. (Illustration) (YUICHIRO CHINO / MOMENT RF / GETTY MAGES)

Alors que l’Intelligence artificielle générative est présentée comme "une révolution technologique incontournable" par la commission dédiée à l’IA en France, les TPE et les PME ont du mal à se lancer.

franceinfo : 85% des patrons de PME et TPE n’utilisent pas du tout l’IA générative ? 

Sarah Lemoine : C’est ce que révèle une étude de BPI France, la Banque publique d’investissement, qui a interrogé plus de 3000 dirigeants de ces structures à la fin de l’année dernière. Dans le détail, seuls 13% envisagent de sauter le pas prochainement.

Les autres – soit 72% – n’en ont pas du tout l’intention et, pour une petite minorité d’entre eux, c’est un choix délibéré, ils en interdisent d’ailleurs l’usage à leurs salariés. Les secteurs du BTP et de la construction sont particulièrement concernés.

Quelles sont les raisons ?

La principale, c’est que les petits patrons ne voient pas à quoi pourrait servir l’IA générative dans leur entreprise ou leur activité. La deuxième, c’est qu’ils manquent d’expertise sur le sujet, faute de connaissance ou d’accompagnement.

Ils craignent ensuite un mauvais usage des outils, qui entraînerait, par exemple, la fuite de données confidentielles. Certains redoutent une diminution de la capacité des salariés à raisonner. "Ce qui laisse penser que la plupart n'ont pas encore testé les outils", analyse Élise Tissier, directrice du Lab BPI France. Enfin, 8% des patrons de TPE-PME n’ont jamais entendu parler de l’IA générative. Ce qui est bien moins, comparé à l’ensemble de la population française.

Les dirigeants de TPE/PME qui recourent à l’IA générative, comment s’en servent-ils ?

Ils sont 15% à l’utiliser d’après l’enquête, dont 3% régulièrement. Principalement pour rechercher et analyser des données, générer des contenus écrits, élaborer des campagnes de communication. Exemple avec ce patron d'une PME qui fabrique des escaliers. Il s’est abonné à ChatGPT pour 24 euros par mois. L’outil lui permet de créer des listes de tendances, puis de publier en quatre secondes un post sur le réseau LinkedIn. Il n’a plus recours à l’agence de communication qui lui facturait 250 euros par page.

Un autre dirigeant, spécialisé dans la fabrication de pièces de vélos, utilise une IA générative pour traduire des vidéos dans différentes langues, avec un gros avantage, là aussi, en termes de coûts. Il économise entre 200 et 400 euros, dit-il, par rapport à une vidéo traduite par une agence traditionnelle.  Des usages qui restent donc cantonnés pour le moment aux fonctions support, conclut BPI France, parmi les rares TPE/PME qui utilisent l’IA générative.

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