Plus de cadres, moins de professions intermédiaires : le marché du travail se polarise
Une note de France Stratégie montre que le mouvement amorcé dans les années 80 s'accentue : les professions intermédiaires s'effondrent. Dans le même temps, la France compte de plus en plus de cadres et, à l'autre bout de l'échelle, les métiers les moins qualifiés se maintiennent.
Toujours plus de cadres en France : les professions les plus qualifiées montent dans le marché du travail, contrairement aux professions intermédiaires, qui elles, s'effondrent. À l'autre bout de l'échelle, les métiers les moins qualifiés font mieux que résister. On appelle cela la "polarisation du marché du travail". Une polarisation qui voudrait donc que le marché du travail s'organise autour de deux pôles qui attirent à eux les plus gros bataillons de travailleurs. D'un côté, les plus qualifiés, les plus hauts salaires, aussi : les cadres et les professions intermédiaires. Et de l'autre, les métiers les moins qualifiés, comme par exemple les aides à domicile et les assistants maternels.
Cette polarisation, c'est un phénomène qui est décrit dans tous les pays développés. Les États-Unis, en particulier, sont très concernés par cette tendance. Il s'agit donc d'une montée de chaque extrême au détriment du milieu. D'où une courbe en "U". La France est elle aussi touchée par la polarisation du marché du travail. Une note de France Stratégie, un organisme de réflexion rattaché au Premier ministre, détaille et explique ce mouvement qui date des années 80 mais qui s'accentue ces dernières années.
Recruter toujours plus haut
L'économie hexagonale, explique France Stragégie, s'est spécialisée dans les services qualifiés aux entreprises. Il faut donc toujours plus de diplômés de l'enseignement supérieur pour fournir ces prestations. Le progrès technologique a également poussé à recruter toujours plus haut. Chaque année, le nombre de recrutements de cadres enregistré par l'Apec bat des records. Un mouvement continu. Parallèlement, la part des employés moyennement qualifiés décline. Pour les ouvriers, par exemple, le mouvement est dû notamment à la désindustrialisation et à la délocalisation de la production. Il y a aussi l'automatisation. Dans la fonction publique, c'est la baisse de la catégorie C, celle des employés administratifs.
Cette érosion des professions médianes se fait clairement au profit des cadres. On observe ça aussi en regardant les salaires. France Stratégie note que la part des professions moyennement rémunérées a diminué de six points en vingt ans. Et celle des métiers les mieux payés a augmenté de quatre points au cours de la même période.
La France est moins concernée que d'autres pays par une explosion des métiers les moins qualifiés. Les métiers les moins qualifiés comme ceux de l'hôtellerie-restauration, du nettoyage, de l'entretien, de la sécurité ou des services à la personne ont connu une forte progression dans les années 90 et 2000, ils restent hauts, mais ils ne connaissent pas en France, contrairement à ce qu'on observe aux États-Unis, une croissance exponentielle.
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