Révéler et faire reconnaître son handicap en entreprise, une démarche difficile pour les cadres
Selon une étude, une majorité de cadres cachent leur handicap à leur employeur.
franceinfo : Ces cadres ont peur d’être stigmatisés ou bloqués dans leur carrière ?
Sarah Lemoine : 7% des cadres actifs du privé se déclarent limités par un handicap. Cela peut être une dyslexie, (on en parlait le week-end dernier), des troubles moteurs, psychiques, intellectuels, des problèmes de santé, comme le diabète, une endométriose, un cancer… C’est très souvent invisible.
Pourtant, parmi eux, 2% seulement disposent d’une RQTH, qui est la reconnaissance administrative du travailleur handicapé. Un résultat inférieur, par rapport à l’ensemble de la population active. C’est ce que révèle une étude conjointe de l’association pour l’emploi des cadres et de l’Agefiph, l’association qui gère les aides financières en faveur des travailleurs handicapés.
Qu’est-ce qui coince ?
Les raisons sont multiples. D’abord, de nombreux cadres, dont l’activité est limitée par un trouble ou une maladie, n’ont pas envie d’être catalogués "handicapé". Ils n’associent pas forcément leurs difficultés, d’ailleurs, à la notion de handicap. Pour eux, c’est synonyme de déficience mentale ou physique lourde, alors que la définition, on l’a vu, est bien plus large.
Ensuite, ils sont tout aussi nombreux à dissimuler à leur employeur leurs limitations. Ils craignent d’être perçus comme moins compétents, moins efficaces, moins performants, d’être stigmatisés et bloqués dans leur évolution, voire de perdre leur emploi. Enfin, beaucoup n’ont jamais entendu parler de la RQTH, qui permet donc de faire reconnaître leur statut de travailleur handicapé.
Obtenir cette reconnaissance, qu’est-ce que cela apporte ?
C’est un processus long et complexe, mais la RQTH permet ensuite de faciliter le quotidien au travail. C’est bénéficier d’une charge de travail ou d’horaires aménagés, d’un poste adapté avec des équipements particuliers. Cette reconnaissance peut être attribuée pour une période de 1 à 10 ans.
La révélation du handicap et l’obtention de la RQTH peuvent être vécues comme une libération. Elles sont "bénéfiques à l’emploi et permettent de dissiper des malentendus ou des soupçons de manque d’investissement", d'après l’étude. À quelques exceptions près, certains cadres interrogés s’en mordent les doigts, témoignant de changements de comportements à leur égard et d’une stigmatisation amplifiée. "Le contexte professionnel, la culture, le climat de bienveillance et la relation avec son chef sont primordiaux", souligne Gilles Gateau, le directeur général de l’APEC. D’où la nécessité de sensibiliser toutes les strates de l’entreprise et de communiquer sur le sujet.
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