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Santé : un livre lève le voile sur "l'hécatombe invisible" des nombreux accidents du travail mortels en France

Les morts au travail passent souvent inaperçus. Ce livre, qui vient de sortir aux éditions du Seuil, les sort de l’anonymat. Ce livre indqiue notamment que les situations accidentogènes sont souvent les mêmes.
Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"L'hécatombe invisible" de Mathieu Lépine. (SEUIL)

C’est un prof d’histoire-géographie de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, qui en a fait sa croisade : sortir les travailleurs morts en exerçant leur métier de l’anonymat. Il en a d’abord fait un blog : "Une Histoire populaire", un compte Twitter.

Voici qu’il vient de publier un livre, L’Hécatombe invisible, pour sortir les victimes de l’invisibilisation, pour raconter les circonstances très brutales de ces décès, pour aider les familles à faire leur deuil et à comprendre.

Qui sont les morts du travail ?

Les derniers chiffres fiables dont dispose Mathieu Lépine portent sur l’année 2019. En compilant les divers tableaux des différents régimes, ce que personne ne fait, souligne l’enseignant, il arrive à 896 morts sur l’année. Sur les quatre dernières années, il recense 1 399 victimes. À 95%, ce sont des hommes. Des hommes souvent jeunes pour Mathieu Lépine, un cas peut résumer ces accidents mortels du travail.

Il s’agit de celui d’Alban Millot, mort le jour de ses 25 ans alors qu’il installait des panneaux photovoltaïques sur un toit, en Ille-et-Vilaine. Il était en période d’essai et, plutôt que de travailler avec un salarié plus âgé pour l’encadrer et assurer sa sécurité, il faisait équipe avec un jeune de 20 ans. Il ne portait pas son équipement de sécurité. Il est tombé du toit. Le procès de l’entreprise devrait avoir lieu à Rennes dans quelques mois.

Ce décès est emblématique, car, pour Mathieu Lépine, les accidents mortels surviennent souvent chez des jeunes qui ne sont pas encadrés et n’ont ni formation ni expérience. La pression repose sur les épaules de ces salariés, employés souvent par des entreprises sous-traitantes. Tout récemment, la Dares, le service statistique du ministère du Travail, a établi un lien entre les accidents du travail et le fait de travailler pour des entreprises sous-traitantes, comme si les entreprises donneuses d’ordre déléguaient les risques. À noter que la France enregistre le taux d’accidents mortels le plus élevé d’Europe, selon la Confédération européenne des syndicats.

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