Chez les cabaniers héraultais : entre Frêche et Le Pen
Une partie des habitants de Vias, petite cité balnéaire de 5 000 habitants voisine du Cap-d'Agde, dans l'Hérault, les appellent "les Gitans". Mais les propriétaires des 3.000 cabanons posés en lisière de Mediterranée, les pieds dans le sable, trois mille cabanons, n'ont rien à voir avec les gens du voyage.
Une grande partie des "bungalows" qui ont poussé depuis cinquante ans sur ces terrains jadis plantés de vigne ne sont occupés qu'à temps partiel. Beaucoup de résidents étant retraités, l'été s'étire souvent de mai à octobre.
Environ deux cents cabanons sont aujourd'hui habités à l'année. On y vit coupé du bourg de Vias, derrière un parc d'attraction, une bretelles d'autoroute, un bout de marais sur les flancs du canal du Midi ou un camping.
Dans les années 80, à leur frais, les habitants ont fait raccorder ces bungalows à l'électricité, à l'eau et ont créé des fosses septiques. C'est à cette époque-là que le "quartier" s'est déployé.
La mairie a d'abord laissé faire la "cabanisation" du littoral
Beaucoup sont des natifs d'Algérie, comme Claude, fils de maçon, qui a monté ses murs lui-même au tournant des années 70. Dix ans plus tôt, il avait acheté une parcelle "parce que ça n'était pas sans rappeler l'autre côté de la Méditerranée" alors qu'il entamait une carrière d'enseignant.
Ses voisins, ingénieurs, contremaîtres ou cadres chez EDF ou à la SNCF, découvraient pour leur part les mobile-homes. Pendant des années, la mairie a donné sa bénédiction à cette "cabanisation" du littoral. En 2005, volte-face : le maire se range derrière le préfet et décide de faire démanteler certains mobile-homes, dont les propriétaires avaient retiré les roues afin de les sédentariser.
Aujourd'hui, le conflit reste entier. Les autorités viennent de déclarer la zone inondable, ultime argument pour obtenir l'évacuation du quartier, qui possède aujourd'hui de véritables rues et des panneaux de signalisation (également financés par les habitants).
Comme Claude, certains habitants ont bénéficié de la loi triennale, qui entérine le bâti existant, même s'il a été construit dans l'illégalité. Il a bien conscience d'avoir "triché", vivant aujourd'hui dans une mignonne maison de plain-pied d'une centaine de mètres carrés, entourée de dix figuiers et d'un potager.
D'autres, enjoints par le juge de redonner à leur parcelle sa virginité, sont sous le coup d'une astreinte qui dépasse parfois 4 600 euros à mesure que le temps passe. En 2008, la justice avait prononcé quelque 500 condamnations.
Un bras de fer qui n'a pas dépolitisé les habitants
Sur place, on peste contre les pouvoirs publics qui ont pourtant donné leur aval à certaines opérations de viabilisation. Au point que certains ont même installé des piscines. Claude, qui préside l'association Les dunes dénonce une hypocrisie :
"J'aimerais qu'on m'explique comment on aurait pu faire des tranchées de cinquante mètres pour raccorder l'électricité sans que la préfecture ne soit mise au courant. Fallait-il qu'ils soient myopes ?"
Un brouhaha accueille les propos de René : les "instits" haussent le ton. L'un d'eux assure qu'il n'entendait jamais des propos de ce cru il y a encore quelques années.
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