C’est une chanson qui nous ressemble. "Le Boudin", pour les héros étrangers de la France

"Le Boudin" est certainement la chanson militaire la plus célèbre au monde, notamment parce que la Légion étrangère, dont il est le chant de marche, est un corps d’élite dont le recrutement est ouvert sur le monde.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un légionnaire français au garde-à-vous lors d'un défilé des marins-pompiers de Marseille à Aubagne, le 30 avril 1982. (PIERRE VAUTHEY / SYGMA / GETTY IMAGES)

En partenariat avec l’exposition C’est une chanson qui nous ressemble – Succès mondiaux des musiques populaires francophones à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts, ces chroniques reviennent en détail sur chacune des histoires qui y sont présentées. 

"Tiens, voilà du boudin !" En 2013, dans un studio parisien, la musique de la Légion étrangère enregistre un album pour Dodge Gramophone, le plus prestigieux label de musique classique, avec le producteur anglais John Cohen aux manettes.

L'album Héros sera couronné par un disque de platine en France et dix ans plus tard, la musique de la Légion se produira à l'Olympia, comme une confirmation d'un statut singulier. Tout cela arrive dans un pays dont on ne peut pas dire qu'il soit obsédé par le militarisme, une trentaine d'années après la fin du service militaire obligatoire.

C'est parce que la Légion est la Légion que Le boudin est sans doute la chanson militaire la plus célèbre au monde. L'héroïsme, les faits d'armes bien sûr, mais aussi cette bizarrerie. Des hommes du monde entier peuvent rêver d'entrer dans la Légion, et la France est le seul pays au monde à transformer en héros autant de gens qui ne sont pas nés sur son sol.

Et je dis cela dans une époque où, en France, la mémoire du répertoire des chansons en uniforme tend peu à peu à s'effacer. Pourtant, les Français ont chanté à pleine voix et se sont souvent souvenus toute leur vie de ces grands tubes en treillis. Quelques grands classiques : Le Régiment de Sambre et Meuse, chanson de café-concert créée peu après la défaite de 1871, et adoptée par l'armée française ; À Saïgon, hymne paillard de l'infanterie de marine ; La Petite Piste, chant d'Afrique de la Légion étrangère.

Évidemment, le cinéma fait beaucoup pour propager les mythes de la Légion, et donc Le boudin. Dans une version cinématographique en 1977, Il était une fois la Légion avec Gene Hackman en commandant et Terence Hill en légionnaire héroïque. Et vous ne trouverez peut-être pas que ce boudin est chanté dans la norme.

En effet, c'est l'orchestre de la garde républicaine qui a enregistré la bande originale du film. Mais ne soyons pas trop puristes : Le boudin a été composé dans les années 1860. Son texte a été plusieurs fois remanié et porte le souvenir des batailles de Camerone en 1863 au Mexique, et de la question de la neutralité belge pendant la guerre de 1870, et du recrutement préférentiel des Alsaciens et des Lorrains après cette défaite.

Dans cet épisode de C’est une chanson qui nous ressemble, vous entendez des extraits de :

Musique de la Légion étrangère, Le Boudin, 2013

Armand Mestral, Le Régiment de Sambre et Meuse, 1958

École militaire interarmes, À Saïgon, 1988

Chorale du 6e Régiment étranger de génie, La Petite Piste, 1994

Chorale du 6e Régiment étranger de génie, Le Boudin, 1994

Extrait d'Il était une fois la légion de Dick Richards, 1977

Musique de la Légion étrangère, Le Boudin, 2013

Musique de la Légion étrangère, Le Boudin, 1999

Musique de la Légion étrangère, Le Boudin, 1952

Musique de la Légion étrangère, Le Boudin, 2013

Vous pouvez aussi prolonger cette chronique avec le livre C’est une chanson qui nous ressemble aux éditions du Patrimoine.

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